Oamaru

Nouvelle-Zélande, mars 2023

Escale à Oamaru

Notre escale à Oamaru est opportuniste : après trois semaines passées à l’île Stewart en février nous sommes remontés tranquillement le long de la côté est de l’île du sud. Nous avons d’abord fait escale à Port Chalmers (le port de Dunedin), et bientôt,  ferons une plus longue escale à Lyttleton, le port de Christchurch,  pour les courses du Sail GP  les 17 et 18 mars prochain où nous accueillerons nos amis Kiwis Bruce, Steph, Alex et Katie. 

Sans cette obligation que nous nous sommes créée d’assister au Sail GP – et qui nous ravit!-, nous serions sans doute remontés par la côte Ouest, via les fjords : je ne suis pas sûre que nous nous serions arrêtés dans le Milford Sound,  : c’est le plus accessible des Sounds par la terre, le plus touristique donc avec des centaines de visiteurs par jour, et un des plus petits aussi. Nous aurions privilégiés  le  Dusky Sound et le Doubtful sound, qui nous nous attiraient beaucoup et offrent des mouillages très protégés.

Autre raison qui nous a refroidi de nous arrêter aux Fjords: c’est la présence de midges (ailleurs nommées sandflies, nono, no’see’them…) de tout petits moucherons qui passent à travers les moustiquaires, sont insensibles aux anti-moustiques, et dont les démangeaisons sont terribles, durent des jours et peuvent se sur-infecter. On les trouve sur les plages de certaines îles tropicales (en Martinique par exemple) voir équatoriales (comme les Marquises), et surtout dans les pays nordiques comme l’Alaska, la Norvège, l’Ecosse et aussi en Patagonie. Elles sortent en fin de journée, quelques heures avant le coucher du soleil et sont de redoutables fléaux contre lesquelles il faut se prémunir en barricadant son bateau et en se couvrant… des pieds à la tête!

Aux Marquises, nous avions une autre technique : nous enduire d’huile de coco car la peau huileuse et glissante les empêche de mordre!

Oamaru est une charmante petite ville victorienne, qui nous a été recommandée car agréable en bateau : tout se fait à pied. Et comme nous montrent les cartes son port artificiel est protégé de la houle par une grosse digue et un quai : la côte de l’Otago est en effet très inhospitalière et les ports naturels peu nombreux, 

Et c’est par ailleurs une ville intéressante, historiquement le premier port international de l’île du Sud au XIXème siècle, pour l’export de la viande :  il  accueillait notamment des bateaux faisant la liaison entre les colonies britanniques. 

Et la cité a gardé de nombreux bâtiments victoriens anciens, qui se visitent. 

A quelques milles de la côte, ce sont les adorables petits dauphins d’Hector qui nous accompagnent presque jusque dans le port : 

le long des côtes, nous avons aperçu des chasses d’oiseaux et de poissons spectaculaires. 

 

Nous voilà mouillés dans le port, assez bien protégés de la houle, tout proche des commerces et de l’animation touristique de cette jolie petite ville. 

Colonie de Cormorans

Mais ce qui nous happe tout de suite, c’est l’odeur, tenace, de poisson et de peau de phoque. Nous pensons tout d’abord à des otaries, pensons qu’une colonie niche peut-être à notre vent. 

Mais non, il s’agit d’une colonie de Cormorans, l’Otago Shag, une espèce endémique de la région, dont seulement quelques centaines subsistent. 

On les retrouve que sur cette portion de côte, très exposée à la houle. Mais cette colonie est la plus grande, avec aujourd’hui plus de 650 couples. Ils ont élu domicile sur un ancien quai désaffecté, qui leur est depuis réservé

le soir, le Sumpter’s Wharf est en effet recouvert d’oiseaux, de nids, de guano et suivant la direction du vent, c’est irrespirable! Les cormorans sont très amusants à observer : en particulier le matin, les jeunes quittent le nid par petits groupes, les uns à la suite de autres, et partent « s’entrainer » en mer. Certains se lancent et savent voler, d’autres sautent dans l’eau et nagent.

 Ils semblent être guidés par un adulte qui les emmène en formation plus loin en mer.

les niveaux des jeunes sont très diférents, certains savent voler et pas d’autres. 

En journée, le quai est plus clairsemé, mais le soir, petits et grands regagnent leur nid, et c’est bondé!

Nous allons nous balader à terre sur les berges et retrouvons le Sumpter Wharf bien animé en cette fin de journée. Et dire qu’il y a un siècle et demi,  il était recouvert de rails pour décharger les big ship , steamer et autres 3 mats hauturiers. 

le port d'OAMARU

Quelques bâtiments ont été préservés, sur les rives du port : ceux de l’ancienne carrière qui servit à construire le port.  Elles sont aujourd’hui utilisées par des artistes.  

Autres particularité du site il abrite une colonie de pingouins : les blue penguins, qui sont les plus petits et les plus rares pingouins du monde, endémiques l’île du sud : on les retrouve dans les Marlborough Sounds, la péninsule de Banks, l’île Stewart… ils  chassent en journée et rentrent à terre le soir, dans de petits regroupement, de petites colonies de quelques dizaines d’individus : l’une d’entre elle est à Oamaru, et c’est en fait … une attraction touristique! Qui se monnaie.  Des petits abris en bois ont été créés pour les pingouins,  et il est proposé aux touristes d’assister à la sortie de l’eau des pingouin au coucher du soleil, et de se promener le soir entre ces abris. 

Nous trouvons les néo-zélandais très très forts  pour monnayer ce qui peut se voir en pleine nature! Il est vrai que nous avons la chance de voyager en bateau et le temps d’observer la faune à notre guise. 

Oamaru est aussi la ville d’arrivée du Alps To Ocean Cycle train : une randonnée en vélo que j’aurais bien aimé faire avec les enfants : 300km depuis le mont Cook, le plus haut sommet de Nouvelle-Zélande. Il se fait agréablement en 4 à 5 jours de vélo électrique, en descente quasi-exclusivement, traversant d’anciens villages miniers, longeant des lacs glaciaires; des barrages hydro, et offrant des paysages très variés. 

Malheureusement, entre Dunedin et Christchurch, nous ne trouverons nulle part où laisser Saga les 6 jours nécessaires à notre escapade. En effet, les infrastructures de marina pour voiliers de grand voyage sont quasi inexistantes dans cette région. La seule marina qui aurait pu nous accueillir est à Lytleton, et elle est pleine! Pas une seule place pour nous. Une deuxième portion devrait se construire dans les années qui viennent. 

Nous allons agréablement profiter de la ville : le port est sympa et relativement bien abrité

Une aire de jeux fantastique

les aires de jeux sont géniales : espace de vélo pour apprendre le code de la route, roue à hamster, tyrolienne, balançoires et un très intéressant espace pour travailler son équilibre. 

C’est super fun! Les aires de jeu de Nouvelle-Zélande sont souvent extraordinaires, et ne sont pas réservées aux tout petits : ados et adultes s’amusent bien ici!

Le front de mer est étrange : aires de jeux, rails désaffectés, brasserie, étonnantes sculptures en métal, bâtiments et wagons abndonnés…

Vive la "Steampunk" attitude!

Nous comprenons un peu mieux la ville en allant visiter le « Steampunk Headquarter » : pas vraiment un musée ni une galerie artistique, mais certainement un des lieux qui  ont donné son âme actuelle à Oamaru. Nous découvrons le style « steampunk », que l’on pourrait décrire par un courant artistique et culturel qui met en valeur les objets de l’ère industrielle 19ème en les transportant dans un monde de science-fiction très « Victorien », à la manière de Jules Vernes.

Oamaru est la Mecque du mouvement Steampunk de Nouvelle-Zélande, qui existe aussi dans le monde entier. Certains exemples pourraient être les Machines de l’île de Nantes, ou les derniers films incarnant Sherlock et Enola Holmes au cinéma, ou même en littérature la série des romans de Philip Pullman : « A la croisée des mondes »

Nous on adore le côté récup’, l’humour qui en découle, l’inutile et le beau. C’est vraiment un univers  inspirant. 

Certaines installations sont immersives. 

Whitestone : LE QUARTIER VICTORIEN

Le quartier victorien, édifié du temps où le port de Oamaru était le plus gros port commercial de l’île du Sud, entre 1880 et 1914, avant d’être supplanté par Dunedin. La plupart de ces bâtiments ont aujourd’hui d’autres fonctions, la ville s’est déplacée plus loin; mais un admirable travail de restauration a eu lieu, donnant une seconde vie aux bâtiments et une nouvelle attractivité au quartier et à la ville, devenue assez touristique. 

la mairie reste toujours la Mairie, tout comme le théâtre, ou l’opéra, ou les hôtels  

En revanche, la gare et la Poste sont devenus des restaurants, d’autres sont  bouquinistes, boutiques et ateliers artisanaux, plus ou moins inspirés du mouvement « steampunk ». Nous jouons à repérer leur ancienne fonction en lisant les inscriptions sur les frontons : bourse, assureur, courtier, boulangerie, négociants, détaillants, hôtels, entrepôts, 

et des derniers sont encore abandonnés, dans l’attente d’une nouvelle jeunesse. 

une ville verte

Nous profitons aussi des sentiers de randonnées, assez agréables et des jardins publics. 

Depuis les hauteurs, nous embrassons  Oamaru : le port, et le quartier historique de Whitestone. 

Le soleil tombe sur Oamaru, et c’est le bon moment de profiter d’une légère brise de sud-est pour remonter le long des côtes vers Lyttleton! Hâte d’assister aux courses du Sail GP!!