Sainte-Hélène

février 2024

Seconde visite à Sainte-Hélène

Saint-Hélène, mythique escale des voyageurs autour du monde. Avec Moby, nous y avions effectué en janvier 2018 une escale d’une semaine, bien remplie :

  • tour de l’île à la recherche de Napoléon, avec visite de Longwood – sa demeure-prison, de sa tombe – aujourd’hui vide car son corps fut rapatrié en France, mais aussi des Briars, sa première demeure
  • randonnées diverses dans les alentours de Jamestown : Half-tree Hollow, batterie des Ladders, Mundens Battery et son ancien poste télégraphique, et aussi la cascade en forme de coeur. 
  • snorkeling sur l’épave du SS Papanui
  • visite du musée maritime local, très amusant
  • restaurant chez Ann’s place, le rendez-vous des marins

Nous avions assisté à l’avant-dernière rotation du HMS , le bateau mixte, moitié cargo- moitié transport de passagers, qui avait officié pendant 40 ans à des rotations toutes les 3 semaines depuis CapeTown, apportant courrier, passagers et cargo.

L’aéroport – attendu depuis plus de 70 ANS!!! – avait ouvert en 2016, et en octobre 2017, trois mois avant notre passage, venait d’ouvrir la première ligne aérienne régulière transformant cette île à jamais : elle qui n’était joignable qu’après huit jours de mer, devenait accessible à moins de 4h d’avion, depuis Johannesbourg ou Capetown. C’est ainsi que nous avions passé la semaine à croiser une quinzaine de touristes chinois venus séjourner à Sainte-Hélène!

Cette fois-ci et toujours dans l’optique de ne pas faire deux fois le même voyage, nous avons d’autres envie, dont celle de visiter l’intérieur de l’île et sa partie ouest.

Accueillis par une raie mobula

Une raie mobula nous accueille alors que le petit ferry boat vient nous chercher pour les formalités : ici en effet, on utilise peu son dinghy, mais plutôt ce service, à cause de la houle qui ballote les annexes, et qu’il est déconseillé par ailleurs  de laisser amarrées au quai.C’est la petite soeur de la raie Manta : elle a une plus grosse tête, un corps plus massif et une voilure plus effilée, un dos gris-marron là où la manta est bien noire. Dommage, nous n’avons pas le temps de sauter à l’eau pour nager avec elle.

Nous espérons pendant notre court séjour- qui durera sans doute de moins de 3 jours, la revoir, et croiser aussi le chemin des dauphins – qui nous ont accompagnés la nuit dernière à notre arrivée, nous avons clairement entendu leur souffle et leurs sauts!, et pourquoi pas des requins-baleine?  C’est la fin de la saison à Sainte-Hélène, et nos amis de Kumbaya et Agape ont nager avec eux, ainsi qu’avec des dauphins très joueurs, 10 jours auparavant, quelle chance! 

Nous avons déjà eu la chance d’observer des requins pélerins en Bretagne, en particulier pendant le confinement, mais encore jamais de requin-baleine. Mais pas au point de réserver notre demi-journée avec l’un des tour-opérateurs qui proposent d’aller nager ou plonger avec eux. Nous ne sommes pas à la recherche de ce type d’activité, et préférons  plonger en autonomie, sur des sites peu éloignés du bateau, même si cela veut dire ne pas voir certaines espèces.  

Nous descendons à terre pour les formalités, assez vite expédiées, car tout se trouve dans le même bâtiment : bureau d’immigration, bureau du port et douanes. 

Tant qu’à être descendus à terre , nous filons en ville  : d’abord la banque, ou il est possible de retirer de la monnaie locale de Ste-Hélène grâce à notre Carte bancaire, puis nous arrêtons à l’incontournable « Consulate Hotel ».

Nous nous installons à l’intérieur, pendant qu’en terrasse, de nombreux locaux prennent le café : c’est le lieu où voir et se faire faire voir,  papoter, héler les connaissances qui passent, c’est très social. On adore le service à l’anglaise avec nappe blanche, cafetière en argenterie, et petits gâteaux….

Etape importante : c’est l’office du tourisme, où nous allons nous renseigner pour une voiture : location ou avec un guide, peu importe. Il s’avère que notre demande est un peu inhabituelle : celle d’un tour de l’île à la carte, sans aucun des étapes napoléoniennes, mais avec de petites ballades à pied dans la foret, sur les plages sauvages du sud-ouest de l’île et ses routes escarpées. On sent que notre demande déroute. Malgré tout, rdv est pris pour le lendemain….

Nous rentrons au bateau par le jardin du chateau et ses petites ruelles adjacentes.  Nous reviendrons à terre un peu plus tard dans la soirée pour dîner un restaurant et effectuer et l’ascension des célèbres Jacob’s Ladders : cela sera  une bonne manière de se mettre en appétit! 

jacob's Ladder

18h30 : une petite demi-heure  avant le coucher nous sommes aux pieds des Jacobs’ladder, un escalier monumental de 699 marches (la 700 ème est coulée là-haut dans le bitume…), construit en 1829 pour relier le quartier de Half-Tree Hollow, situé sur un plateau, à Jamestown, la ville principale en contrebas. 

Il n’est plus emprunté aujourd’hui que par les visiteurs et les sportifs amateurs de record : celui  du Jacob’s challenge qui a d’ailleurs été battu la semaine précédente par un britannique détaché à Ste-Hélène, en 5mn et 16s.

Finalement, la montée se fait assez bien, en 12 minutes pour les plus rapides, c’est le lendemain que  ce sera plus dur, avec des courbatures qui dureront plusieurs jours

la vue d’en haut sur la ville et le mouillage est superbe  : Jamestown fut fondée en 1659, par la compagnie des Indes britanniques, établissant un fort et une garnison pour tenir l’île et pour ravitailler les navires revenant des Indes. 

Cette ville avec sa rue principale tout en longueur a vu passer des célèbres personnages : Napoléon,  le Duke de Wellington, mais aussi Charles Darwin et le Capitain Cook. Dernièrement, à peine 15 jours plus tôt, c’est le prince Edward qui y a fait une visite officielle, comme l’attestent certaines vitrines encore bien décorée! La plupart de ses bâtiments sont classé et forment une rue typique et particulièrement bien préservée d’architecture géorgienne.

La descente est vertigineuse, ll ne faudrait surtout pas rater une marche, qui sont assez hautes, mais surtout étroites. 

Curios

Pêle-mêle quelques curiosités de Ste-hélène :

  • le débarquement, souvent sportif
  • l’épave du Papnui
  • le pont/porte d’entrée de la ville
  • la petite prison
  • la porte du chateau
  • les cabines téléphoniques
  • l’office du tourisme
  • les vistrines décorées pour la venue  du Prince William. 

Road trip dans le centre et l'ouest de l'île

Quelle n’est pas notre surprise de découvrir que nos guides pour la journée ne sont autre que d’anciennes connaissances saintoises : James accompagné de sa femme Hannah ! Devant notre demande inattendue à l’office du tourisme, notre tour-opératrice est allée nous chercher des guides qui sont d’anciens plaisanciers.

Nous avons rencontré James et sa famille  il y a 6 ans, lors de notre passage avec Moby. Ils venaient quelques semaines auparavant de boucler un tour du monde en famille -avec 3 enfants de l’âge des nôtres. C’est  la première famille saintoise à l’avoir réalisé! A l’époque ils vivaient encore sur leur bateau, n’ayant pas encore trouvé de maison, et Hannah avait repris son métier d’institutrice. Nous avions passé une soirée ensemble et plusieurs heures à échanger, et à discuter des nos expériences, mais aussi du projet de James de monter une société de services aux plaisanciers de passage : en moyenne 100 à 200 bateaux par an s’arrêtent à Ste-Hélène lors de leur traversée de l’Atlantique Sud. James est un ancien menuisier du célèbre chantier britannique Oyster, le genre d’homme à avoir de l’or dans les mains!

Nous les retrouvons 6 ans après, avec un enfant en plus, la petite Holly, 5 ans, ils habitent une maison dans la vallée de Sandy Bay, justement là où nous souhaitons aller. Hannah travaille désormais pour l’action sociale de l’île, en particulier à gérer les établissements pour personnes âgées, et James s’est lancé dans l’agriculture : potager de subsistance et vente des surplus en ville, mais surtout fruits de la passion en masse, et bientôt une plantation d’avocatiers : ils espèrent fortement obtenir une concession d’un terrain inusité dans la vallée pour y planter des fruitiers. Aujourd’hui James vend ses plants et fruits et légumes, mais espère bientôt pouvoir transformer ses futures récoltes.  

Nous commençons par prendre un café ensemble au Consulate Hotel, puis direction la voiture : qui malheureusement tombe en panne….le garagiste intervient dans les 5mn, et c’est reparti! Vive la solidarité dans les petites îles , qui n’est pas une légende!

Plantation House et sa foret

Nous allons passer la journée à sillonner le sud et l’ouest de l’île, et à faire aussi quelques marches, comme ici dans la foret qui jouxte « Plantation House», la maison du gouverneur. Construite en 1792, elle est de style typique géorgien. 

Le potager est superbe ; il est utilisé pour la maison du Gouverneur, mais fait aussi office de jardin partagé. C’est là que vit Jonathan, la plus vieille tortue du monde, et ses cousines. Elles viennent toutes des Seychelles : Jonathan fut un cadeau arrivé en 1882 à un âge de maturité-donc environ 50 ans, auxquels on ajoute 140 ans de plus….

Nous nous baladons dans la forêt de la Plantation, avec ses bambous géants. 

En route!

Puis c’est reparti pour la vallée de Sandy beach. 

Les paysages sont très variés, avec parfois des aires de campagne suisse, des Hauts réunionnais ou d’Italie! La route est très escarpée, et étroite, deux voitures ne pourraient se croiser, nous sommes reconnaissants d’avoir un chauffeur qui connait ces routes comme sa poche!

Sandy Bay

Nous voilà arrivés à Sandy bay : un paysage lunaire nous attend. Nous descendons à pied vers la plage : sur la gauche, le terrain que convoitent James et Hannah pour leur verger. Il était exploité dans le temps, mais il est désormais à l’abandon. 

La plage est austère, de sable noire ; la baignade y est dangereuse, avec des courants forts. Elle est fortifiée, car c’est une des rares plages de débarquement possible à St-Hélène : les anglais se méfiaient grandement des velléités des français de récupérer leur Napoléon!

Chez James et Hannah

James et Hannah nous convient à prendre le café chez eux : la vue est superbe, sur la vallée. Nous n’imaginions pas cette partie de l’île si escarpée et si verte, quel contraste avec Sandy Bay. Les enfants irons cueillir des fruits de la passion avec leurs amis  : nous revenons au bateau avec le plein de vitamines C!

Fort High Knoll

Au retour nous faisons un crochet par le fort High Knoll, perché à 600m d’altitude,  avec une vue plongeante sur la côte Nord. Construit pour protéger la ville de Jamestown qu’il domine, il est immense, et taillé pour abriter à l’époque toute la population de l’île en cas d’invasion. 

Nous voilà de retour au bateau après une journée bien remplie!

Soirée BBQ au yacht Club

Nous ressortons le soir sur le port, car tous les mercredis, c’est soirée BBQ au yacht Club! Ce petit club local est sorti de sa torpeur il y a quelques années grâce à l’aide de James, et il est aujourd’hui tenu bénévolement par un “yachtie” resté depuis 4 ans… Il n’est jamais reparti après avoir été bloqué par le Covid!

En revanche, James a dû arrêter son activité d’assistance aux navigateurs, après avoir subi menaces et agressions : des histoires de jalousies. Pas d’angélisme à Ste-Hélène comme souvent dans les petites communautés où innover dérange. Sa nouvelle activité a été vue pour certains comme une menace, et cela est bien triste.

Cependant, les navigateurs sont des voyageurs pas tout à fait comme les autres, et pouvoir leur proposer des services adaptés reflète un besoin réel : cela n’empiète le plus souvent pas sur l’activité des professionnels du tourisme, qu’ils soient terrestres ou maritimes, et qui ont fleuri depuis l’ouverture de la ligne aérienne. Ce que recherchent les gens de bateau, c’est de l’information (poubelles, gaz, lessives, commerces… ), d’être aiguillé sur les opérateurs touristiques le cas échéants, et surtout de la convivialité. L’immense majorité d’entre nous ne sont pas des touristes comme les autres à rechercher des activités packagées, mais plutôt des voyageurs à la recherche de rencontres, de partage, et de découverte.

En tous les cas, ces rdv du mercredi soir sont un succès, il semble que toute l’île se retrouve : touristes américains, employés de la douane, pêcheurs, voiliers de passage, dans une ambiance très sympa : la bar est animé, et des grillades de poisson sont proposées. 

Appareillage pour Ascension

Le lendemain, jour de départ, nous laissons les enfants travailler à bord et partons en ville récupérer le linge donné à laverie, faire les courses et les  formalités de départ.

Les fruits et légumes sont rares sur les étals, impossible ou presque de trouver des oeufs (ils s’échange plus qu’ils ne s’achètent) : mais je tente ma chance et dégoterai  au supermarché des tomates délicieuses et non réfrigérées qui vont se garder très longtemps, des haricots verts à la coopérative, un concombre pour les gaspachos, et de la magnifique viande de porc locale…

Cap sur Ascension! Nous venons d’apprendre que nos visas pour Ascension ont été approuvés, 48h après avoir fait notre demande… Nous aurions dû les demander il y a trois semaines, car c’est en principe le temps de traitement du dossier… mais grace à l’appui de notre contact à l’office du Tourisme de Ste-Hélène – qui connait bien l’agente d’immigration d’Ascension, ça a été rapide!

L’île d’Ascension est en effet habitée par des habitants de Saint-Hélène qui travaillent dans les services et les administrations, mais surtout par des américains et britanniques qui occupent deux grosses bases militaires aériennes et spatiales.

Hâte de découvrir cette nouvelle île, connue pour être le second site atlantique de ponte des tortues marines. Depuis le début de ce voyage nous essayons dès que cela est possible d’explorer en priorité des territoires qui nous sont inconnus : ces derniers temps, avec la Namibie, bientôt Ascension et Fernando de Noronha au Brésil, nous sommes gâtés!