Gambier : mangareva

septembre 2022
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Arrivée aux îles Gambier

Nous arrivons aux îles de Gambier après ce qui sera sans doute la plus longue traversée de notre tour du monde  : 21 jours. Elle fut aussi éprouvante avec une météo très variable :  de fréquents épisodes de calmes pendant la première semaine, qui nous empêchent d’avancer, mais aussi de nombreux grains en dernière semaine. Entre les deux, un alizé puissant que nous prenons avec un angle au vent moins confortable que nos amis partis vers les îles Marquises : ce furent les montagnes russes à bord!

Mais surtout, la panne de pilote automatique pendant les 6 derniers jours aura mobilisé toute notre attention. 

C’est donc un grand bonheur que d’arriver, malgré le temps couvert et la pluie qui nous accompagnent depuis quelques jours. Le temps visiblement n’est pas meilleur au mouillage qu’en mer, mais au moins nous pourrons dormir l’essentiel de la nuit, à l’ancre. 

On nous avait prévenu : les Gambier ça se mérite!

Une petite éclaircie finalement nous fait découvrir Mangareva, l’île principale sous un timide soleil. Son relief  me surprend, ses arêtes et pics se découpent franchement, dessinant un puissant appel à la randonnée. Tant de verdure après 3 semaines de bleu, m’enchante totalement.

La passe est facile, le chenal du village l’est un peu moins, étroit, zigzaguant et bordé de larges patates de corail, mais heureusement parfaitement balisé : tant que l’on reste au milieu, tout va bien. 

l'île de Mangareva

Nous faisons tomber l’ancre au milieu d’une douzaine de bateaux : c’est à peu près tout ce que compte l’archipel de bateaux de passages, venus s’abriter à Rikitea pendant cet épisode de front que nous venons d’essuyer à notre arrivée. 

Dès le lendemain, et pendant les jours qui viennent,  le soleil est là, qui  nous donne un tout autre aperçu des îles. 

Loïc envoie son drone , qui  nous permet de découvrir les alentours : les couleurs de l’île de Mangareva,  sont irréelles de beauté. 

La baie de Rikitea, le village principal, de Mangareva

On réalise que le corail, est omniprésent et rend les mouillages parfois compliqués.

En 48h, nous ferons la connaissance de la moitié des bateaux du mouillage :

Ker Motu et Iroise, deux couples de jeunes retraités, des bretons tombés amoureux de la Polynésie et heureux d’y naviguer quelques années. Ils vont nous briefer  rapidement sur les plus chouettes mouillages de l’archipel.

Iello, un couple suisso-canadien qui après 3 ans de navigation en polynésie doit quitter le territoire – leur permis de séjour expire… Ils nous sauverons la mise en acceptant de jouer la banque pour nous et échanger nos dollars contre des francs pacifique.

Colibri, jeune couple de reunionnais de passage, installés pour quelques mois ou quelques années, puisque la jeune femme a trouvé un poste de professeure de sciences et de mathématiques au collège de Rikitea.  Sur un autre bateau, un second prof de collège est lui aussi venu an bateau; Tout comme l’une des deux infirmières de l’île et son mari : ils forment une jolie bande de trentenaires. 

Mais surtout, nous rencontrons Kumbaya, une famille de 4 enfants de l’âge des nôtres, sur un Nautitech, qui nous embarque dès le lendemain dans une ambitieuse randonnée.

Randonnées aux monts Duff et Mokoto

Nous allons enchainer, au grand enthousiasme des enfants, les deux pics de l’île dans le même après-midi : le Mont Duff qui surplombe le village, 

et le Mont Mokoto, en arrière plan!

En envoyant son drone, Loïc  nous donne à explorer aussi la côte nord/ouest de Mangareva : les turquoises sont flamboyants!

de l’autre côté de l’île avec ses fermes perlières et ses bancs de sable

A midi, nous avons rendez-vous avec Huberte et Juliette, au village, avec notre pique-nique ; c’est parti pour une grande randonnée.

Les enfants sont aux anges, ravis de rencontrer de copains de leur âge : les deux ainés de Kumbaya ont l’âge d’Arthur et Anna : Louise a 13 as, et Agathe 10 ans. Paul et ont 7 et 4 ans : l’âge qu’avaient Arthur et Anna lors de notre premier voyage. 

Je me replonge alors dans ce premier voyage et réalise combien 3 enfants jeunes accaparaient tout notre temps! Avec « seulement » deux enfants de 10 et 13 ans, je suis beaucoup plus libre, car ils sont très autonomes, que ce soit pour l’école, pour cuisiner, pour s’occuper. Nous pouvons aussi beaucoup plus pratiquer nos sports nautiques préférés, comme la wingfoil et la planche à voile plutôt que d’opter pour des activités familiales adaptées aux plus jeunes. 

Dès le début de la marche, nous prenons des bâtons, car les pentes sont rudes et le terrain glissant, en particulier avec toutes ces aiguilles de pin qui jonchent le sol. 

c’est parti!

à mi-hauteur du Mokoto, c’est déjà la récompense :

une vue plongeante sur le village.

Et de l’autre côté, sur le sud de l’archipel, avec le petit ilôt Kamaka

Passer ces heures à l’ombre de la foret, en plein nature est particulièrement ressourçant après 3 semaines de mer, et donc de bleu, de bleu et de bleu…. l

La foret est étrangement calme : pas d’animaux, très peu d’oiseaux à part les oiseaux marins : pailles en queue, noddis et pétrels 

Nous découvrons aussi le côté nord de l’île que nous ne pourrons visiter en voilier du fait de ses faibles profondeur et de toutes les installations de fermes perlières. 

Puis nous reprenons la marche car il reste un toute dernier effort à faire, à monter le long de la crête. 

la végétation est un ravissement

En haut, la vue est spectaculaire,  : un panorama à 360° sur toutes les îles de l’archipel . 

l’île d’Akamaru

celle de Taravaï

la baie de Rikitea

la baie de Takavake

Les crêtes qui se dessinent vers le nord de l’île

Les enfants veulent absolument enchainer avec le Mont Duff, avec ses cordes, il est plus ardu. Et surtout en chemin, c’est la promesse de cueillir des framboises sauvages. 

Ces petits fruits sont délicieux, nous en mangeons des tonnes, mais Anna fait des réserves et nous confectionnera, de retour à bord un merveilleux coulis très parfumé, servi avec une glace vanille fait maison.

Nous marchons toujours à couvert, à l’ombre des arbres et c’est tant mieux car il fait très chaud. 

La végétation est surprenante, avec des fougères, de champignons, des plantes épiphytes, des lichens,

Nous nous servons, et en mangeant sur place : c’est fort rafraichissant. 

en redescendant, ce sont des petits piments dont nous feront provision et que nous garderons plus de 2 mois dans le frigo!

Rikitea

Nous sommes le premier bateau du Glywo arrivé à Gambier, et sommes bientôt rejoints par POMIII, Biotrek et Impossible. Chacun pour des raisons qui lui appartient, ils n’ont pas voulu faire escale aux Galapagos (deux d’entre à cause de leur chien/chat), mais aussi parce que le les contraintes étaient trop importantes. Ils ont alors opté pour Gambier, et continueront comme nous leur circuit en Polynésie par les Tuamotu.

C’est l’occasion de dire au-revoir à nos amis de Kumbaya qui sont aux Gambier depuis un mois déjà et rejoignent Fakarava aux Tuamotu pour y retrouver des amis venus de loin les rejoindre à bord.

Nous espérons recroiser leur route bientôt : ils font peu ou prou le même tour du monde que nous! 

Ca y est, le Nuku Hau est là, avec ses chargements variés : du carburant pour nos 4 bateaux, nous l’avions commandé à l’avance, car nous savions que les calmes de l’équateur et les navigations dans le lagon des Tuamotu allient nécessiter plus de consommation de carburant que d’habitude, où nous sommes toujours à la voile.

Mais surtout, le cargo transporte des matériaux de construction, vélo, électro-ménager, et même une voiture! 

Samedi, c’est aussi le jour de l’avion : il connecte Gambier à Papeete deux fois par semaine , en passant parfois par Hao. Et voilà la navette des passager qui part au motu Totegegie où est situé la piste. 

Nous voilà donc prêt à nous mettre à couple, sauf qu’un mic-mac technico-administratif va retarder la livraison de carburant… en effet, avant de se faire livrer, il faut aller payer son dû au capitaine du bateau… en liquide…. et en Francs Pacifique!

Ce dont nous étions tous dépourvus en arrivant de Panama aux Gambier.  Nous avons chacun soit des Euros soit des dollars. Or il n’y a pas de banque sur l’île… et le tout nouveau distributeur de billets… est en panne depuis des mois…. quand à la Poste, qui est fermée depuis 8 jours car la postière est malade et a dû être “évansanée » sur Papeete, elle ne change que des dollars … et pas des Euros. 

Bref, c’est un casse-tête chinois pour nos amis de Biotrek, Impossible et POMIII. Moins pour nous car arrivés quelques jours avant eux nous avons trouvé de bonnes âmes pour changer nos dollars en Francs-Pacifique. 

Nos amis ne sont pas les seuls dans ce cas, et tout le monde à Mangareva  devra attendre lundi matin et la réouverture de la Poste pour obtenir des Francs Pacifique… et récupérer sa cargaison.

Nous prenons notre mal en patience et allons donc passer le week-end au village en attendant de pouvoir refueler lundi matin. 

Messe du dimanche à la cathédrale.

J’en profite pour aller à la messe avec Mapie, à la cathédrale. C’est le dimanche des Rameaux, et nous nous arrêtons devant une chapelle au bord de la route prendre ceux qui ont été mis à disposition par les fidèles. 

L’assemblée est nombreuse, les femmes sont chapeautées, en robes à fleurs, et les hommes en pantalon et chemisette. 

Les chants sont sublimes et terriblement émouvants, j’en ai les larmes aux yeux. Les coeurs sont puissants et le son vibre dans toute la cathédrale : les voix polynésiennes résonnent, tonnent, on sentirait presque le sol trembler. 

La cathédrale est belle, simple mais chaleureusement décorée, avec son autel de nacres. 

Et la sortie de la messe, l’un des rendez-vous sociaux de la semaine. 

Refueling avec le Nuku Hau

Dès 7h30, lundiu matin, nous nous dirigeons vers  Poste pour changer nos dollars. Même si le guichet n’ouvre qu’à 8h, nous sommes un peu tard…. il y a déjà une vingtaine de personnes à faire la queue pour les mêmes raisons. Finalement, par le bouche à oreilles et l’aide de Titouan, nous ferons affaire directement avec deux jeunes perlicultrices : changer leurs francs pacifiques en dollars leur évite de se déplacer pour aller à la banque à Papeete. 

Ensuite, il faut faire la queue à la guérite tenue par le capitaine du bateau : c’est lui qui encaisse! 

Puis en milieu de matinée, c’est bon, nos 4 bateaux se succèdent à couple du Nuku Hau : Biotrek ouvre le bal, puis c’est à notre tour! Le soir, le Nuku Hau repart et c’est le Tapporo VIII qui arrive, chargé de produits frais!  le signal qu’il est temps d’aller faire le plein de  fruits, légumes, et produits laitiers en provenance de Papeete.

L’approvisionnement est un vrai casse-tête ici à Gambier car s’il y a bien une production locale de fruits et de légumes, elle n’arrive pas dans les magasins… Il faut donc se fournir chez l’habitant ou au magasin le jour de l’arrivée – car le lendemain, tout sera vendu!

Dès 8h, nous étions donc dans les boutiques à glaner du fromage et des carottes chez l’un, des pommes et du beurre chez l’autre. A 10h, nous sommes prêts pour repartir explorer l’archipel : nous visons la côte sud de Taravai, une zone non cartographiée mais avec une baie magnifique et bien abritée. Les îles de Taravai, Akamaru et les motus feront l’objet d’un prochain post!

Arrivée de Thomas à bord de saga

En fin de séjour,  mon frère Thomas nous rejoint après moultes péripéties de covid   (qu’il a fini par attraper en France), quelques dizaines de texts PCR positifs (avant d’en faire un négatif et de pouvoir prendre l’avion) et de listes d’attente (les avions vers Gambier étant soi-disant plein tout le mois d’avril…). A force de patience, de persévérance et de foi en sa bonne étoile, il a réussi à monter dans l’avion et à enchainer : Brest – Paris – Los Angeles – Papeete – Gambier en 48h! MO-TI-VÉ.

Bonheur des retrouvailles familiales. 

Les journées s’enchainent : scrabble, wingfoil,  

réparation du pilote, courses au village,

Ballade autour de Mangareva

et randos, comme cette ballade sous la pluie sur les petits chemins  de Mangareva. 

Nous faisons un premier stop à la cathédrale de Rikitea, où j’étais venue assister à la messe quelques jours plus tôt. 

son autel est richement décoré de nacres. 

Puis la route nous mène au cimetière, où est enterré le dernier roi des île Gambier

En chemin, je ne résiste pas à photographier les jardins nourriciers des mangareviens, ou tout pousse, et qui débordent sur la route : pamplemousse, bananiers, lianes  de fruit de la passion ou de chouchou (christophines)

Je rêve de villages en France bordés d’arbres fruitiers, de noix, pommiers, noisettiers, de plants de groseillers, de raisins grimpants à l’assaut des murs et des poteaux téléphoniques…. L’abondance de tous ces fruits invite au partage. 

En chemin, un stop à la station de Météo France, particulièrement bien placée,

avec une vue plongeante sur l’est de l’archipel, en particulier Akamaru. 

puis nous bifurquons sur le chemin des 12 apôtres, qui descend jusqu’à une petite plage en bord de mer. 

le lieu est presque mystique, avec ses arbres moussus et ses pierres

son lichen

Puis un peu plus loin, c’est le chemin des soeurs que nous suivons et qui mène à l’ancien couvent. 

au retour, nous stoppons par curiosité devant les écoles fort accueillantes . Le collège, 

le terrain de sport, 

L’école maternelle

Le lendemain, je sais que c’est notre dernier jour aux Gambier, je pars en solo explorer le rivage nord de Mangareva, où nous nous pouvons aller mouiller.

ballade sur la côte

UIil n’y aurait pas assez de fond pour nous, et les lieux sont constellés de fermes perlières. Je pars seule pour une fois, personne n’est tenté de m’accompagner et c’est tant mieux!

Un peu de marche rapide me fera du bien. Toujours en chemin, ces beaux jardins nourriciers, qui permet aux iliens de tendre vers l’autonomie alimentaire.

Même les bas-côté regorgent de nourriture

si l’on sait regarder de plus près…

Partout aussi, des animaux en liberté,  poules bien sûr,

Mais aussi chevaux

les jardins de ce côté de l’île sont particulièrement coquets

et les pensions , 

comme les jardins, accueillants

Comme à chaque que je me suis baladée sur les routes de Mangareva, je fais des rencontres. Là c’est en m’arrêtant devant un très beau jardin, je remercie les propriétaires, mères et fille, de m’offrir ce si joli spectacle. Amicalement en retour, elles me proposent des fruits de leur jardin. Je remarque aussi , de l’autre coté de la route, leur petit coin de repos avec vue mer. Un enchantement. 

Je repars avec un sac de papayes et de fruits de la passion, et rentre en voiture au village raccompagnée par mes bienfaitrices. 

On sent que la solidarité est de mise dans ces îles isolées, l’autonomie également. 

Pendant ce temps, Loïc, Tom et les enfants sont allés faire du foil tracté dans la baie, et voir si la vague aperçue un peu plus tôt était surfable.

Nous quittons les Gambier avec un peu de nostalgie tant ce séjour fut riche. Nous avons aussi des regrets, car la météo ne fut pas toujours clémente, avec deux épisodes de front à négocier. 

Nous avons quand même eu le sentiment de bien profiter des 3 semaines de notre escale, qui aurait pu durer 2 mois de plus!

Nous partons à Akamaru, l’un de ces ilôts que nous n’avons justement pas pu visiter. Le temps est très maussade, tant pis.

Plus sur notre séjour aux Gambier dans le prochain post qui concernera les motus de l’est, ainsi que les ilôts de Taravai et Akamaru.