Nav' Mopelia-Fiji

Août 2022

J1 : mercredi 24 août 2022

Nous quittons Mopelia en compagnie de POM et Vitia ,un peu à contre-coeur tant cette petite île et ses habitants ont été accueillants. Nous nous souviendrons longtemps de ses oiseaux, innombrables, et de sa passe dans laquelle nous avons fait des snorkeling en drift inoubliables.

J2 : jeudi 25 août 2022

Jusqu’ici, les conditions de traversées sont idéales, un alizé paisible d’une quinzaine de noeuds de vent, qui a un peu mollit cet après-midi, et forci en fin de journée : des conditions de mer très clémentes malgré une mer un peu croisée.


Nous ne pouvons mener Saga à son meilleur car nous avons décidé de garder un ris dans la GV pendant toute la traversée, afin de la préserver de plus de déchirures : Loïc a déjà effectué plusieurs réparations, et nous aimerions la mener sans encombre jusqu’en Nouvelle-Zélande où elle sera remplacée en garantie.

Au vu des conditions mollissantes, nous avons envoyé le grand spi ce matin pour bien abattre malgré le vent un peu mou et continuer à faire de l’ouest avec une route la plus directe possible. Nous sommes repassés au code 0 pour la nuit.

Super ambiance à bord pour cette journée « sans écran » une nouvelle règle que nous venons d’instaurer : un jour par semaine sans écran ni réseau sociaux (en mer c’est facile…) pour les enfants comme pour les grands (mis à part consultation de la météo, des routages et des emails….)! Donc ca bouquine, ca cuisine , ca fait des casse-tête, des jeux de société, des fléchettes et du bricolage : les enfants se sont lancés dans la construction d’un circuits pour billes en carton, bois et argile : beaucoup d’idées, beaucoup d’essais, et j’ai hâte de voir le résultat.

Au menu du jour : brioche au petit dèj, croque monsieur/salade ce midi et roti de porc aux petits légumes ce soir, on se fait plaisir!

20 000 milles parcourus!

Saga a franchi ce matin les 20 000 milles au logbook. Que de chemin parcouru depuis ses premiers bords début 2021 et une cinquantaine d’île visitées jusqu’ici :

France : Belle-ile, Porquerolles, Lerins

Baléares : Ibiza, Palma, Formentera
Canaries : La Graciosa, Lanzarote, Fuerteventura, Gran Canaria, Tenerife
Antilles : Saint Martin, St Barthelemy, Tintamarre, Fourchue 


Los Roques : Gran Roque, Cayo Francesqui, Cayo de agua, Dos Mosquises, Sebastopol, Cayo Felipe
Los Aves de Barlovento


San Blas : Cayo Hollandes, Calubir, Cayo verde, Maqui
Las Perlas : Islas Contadora, Chapera, Baioneta, Gonzales, San Jose
Gambier : Mangareva, Taravai, Akamaru, motu Puaumu, motu Tauna, et Totegegie

Tuamotu : Amanu, Makemo, Tahanea, Fakarava, Toau, Rangiroa, Tikehau, Makatea


île du vent : Tahiti, Moorea, Tetiaroa


îles sous le vent : Huahine, Tahaa, Raiatea, Bora-Bora, Maupiti, Mopelia

J3 : vendredi 26 aout

Troisième jour de navigation cap à l’ouest, pratiquement en route directe vers Fiji. Nous sommes à un tiers du parcours : il nous reste 1000NM sur les 1500 NM au départ. Notre stratégie : envoyer le spi en journée, pour bien abattre sur la route, et l’affaler le soir : il a beau être super stable, nous préférons ne pas avoir à surveiller ni manoeuvrer cette voile de nuit. Nous hissons donc le code 0 jusqu’au petit matin.

Manoeuvrer 2 fois par jour permet de ménager les voiles d’avant qui ne travaillent donc pas 24H/24, d’éviter les points d’usure des drisses et aussi de faire un peu d’activité physique car pour le reste, c’est assez tranquille : nous avons en effet des conditions rêvées depuis 3 jours, pas un grain, un vent stable, une mer peu formée, du soleil et pas une goutte de pluie. Le vent devrait forcir un peu demain, la mer aussi, mais si tout va bien, nous n’aurons même pas besoin d’empanner avant d’arriver à destination.

Seul problème technique à bord, ce sont les emails qui ne fonctionnent plus depuis ce matin : impossible de relever ni d’envoyer d’emails. C’est dommage, car nous échangeons avec les copains en mer qui sont tout près, mais pourtant plus en portée VHF : Vitia à 15NM dans notre sud-est, POMIII à 45 NM dans notre sud-est et Vitamine à quelques centaines de milles plus à l’ouest, qui a pris la mer avec Jams quelques jours avant nous. Heureusement, l’accès à internet est valide, nous pouvons recevoir la météo, et voir les positions de tout le monde sur Predictwind.

Sinon, la routine est bien installée, nous bouquinons toujours beaucoup 

et regardons aussi des films : les derniers épisodes de Star Wars pour Arthur, et le monde de Narnia pour Anna. Quand aux parties de Scrabble avec Loïc, le niveau ne cesse de monter : 826 points à deux avec 5 mots complets hier, 842 points aujourd’hui avec 3 mots complets – notre record absolu!… jusqu’où cela s’arrêtera-t-il?

J4 : en mode dégradé

Depuis ce matin, alors que nous étions babord amure, nous trouvions que le pilote avait du mal à barrer, et nous sommes relayés tous les deux à la barre pour le soulager, mettant cela sur le compte de la mer croisée et des surfs. Cette nuit, après avoir empanné, le bateau est devenu franchement incontrôlable tant au pilote qu’à la main. Nous avons alors décidé d’affaler complètement les voiles pour évaluer la situation : à première vue, il semblerait que nous ayons perdu le safran babord.

Nous faisons route sous génois seul à une allure très abattue, en route directe vers les Fiji, sous pilote. Nous ferons le point demain matin quand il fera jour et vous tiendrons informés demain via Predictwind…. car nous n’avons plus accès à notre boite email, qui semble victime d’un bug informatique : le fournisseur d’accès que nous avons eu en ligne 6 fois la nuit dernière a cru résoudre le problème , mais en fait sans succès. Et là, il est en week-end!!

Sinon, le moral est bon, et nous avançons vers la destination à 6 noeuds.

J5 et avarie de safran

C’est confirmé, nous avons perdu un safran, raison pour laquelle le pilote barrait si mal depuis hier : nous avons mis la gopro sous l’eau ce matin et voyons qu’il ne reste que le tube, le safran complet a disparu, sans qu’il y ait de choc, ni aucune trace visible à la Gopro : un mystère. Nous continuons la route, sans la GV, avec nos voiles d’avant : cette nuit c’était sous génois, aujourd’hui on teste le spi. Le bateau est plutôt bien équilibré, assez manoeuvrant, mais nous allons tout de même soulager le pilote et barrer quelques heures par jour. La nuit, nous réduirons la toile pour nous reposer mieux et laisser le pilote travailler.

 

Nous comptons sur une moyenne de 7 noeuds et devrions mettre au moins un jour de plus que prévu, soit 8 jours au lieu de 7 pour la traversée Mopélia-Fiji.
La Cambuse est approvisionnée pour tenir un siège, donc pas de soucis, nous allons continuer à très bien manger ;-). 

Ce fut finalement une journée (presque) comme les autres sur Saga. Car à part le fait que nous n’ayons plus qu’un safran, et que nous ayons en conséquence affalé la GV pour soulager le bateau – et donc ménager le pilote automatique- ce fut une journée presque normale. Nous avons hissé le grand spi en milieu de matinée, et avons eu la bonne surprise de voir que le pilote barrait correctement, avec une bonne moyenne de 9 noeuds.

Nous l’avons surveillé et repris à la main à quelques reprises quand la mer de l’arrière le dérangeait trop. ET ce soir, nous avons affalé le spi pour hisser le code zéro et faire route directe vers Fiji. Demain le vent devrait mollir, la mer s’aplatir, nous verrons ce qu’il conviendra de faire, peut-être hisser de nouveau un peu de GV s’il le faut. Nous sommes agréablement surpris de voir comment le bateau se barre finalement très correctement avec un seul safran, quand il est bien réglé et sur sa lancée. Il reste aussi assez performant.

Les conditions de mer et de vent sont par ailleurs très agréables depuis notre départ de Mopelia, toujours du soleil et un vent entre 13 et 18 noeuds, de très rares grains pas très forts avec juste ce qu’il faut de pluie pour rincer le pont.

On se régale toujours autant des bons petits plats de Saga, crêpes ce matin au petit dej, salade italienne polenta/poivrons/jambon cru à midi, raclette/ratatouille ce soir, avec en dessert, des petits pots de crème au chocolat avec des poires au sirop.

Et les enfants s’occupent, et ont bricolé et dessiné toute la journée.

Aujourd’hui, nous avons remonté nos montres de 1 heure pour nous recaler, (comme nous le faisons tous les 4-5 jours en traversée vers l’ouest) et demain, nous devrions franchir la ligne de changement de date qui se trouve entre les îles Samoa américaines et les îles Samoa Occidentales… et perdre une journée, passant directement du dimanche 28 au mardi 30. Trop bizarre….

J6 : Mardi 30 août

Nous pensions mettre 7 jours à passer de la Polynésie Française à Fiji, mais devrons compter sur 24h de plus : c’est en partie dû à notre avarie de safran qui nous condamne à ne pas appuyer sur le champignon, pour que le pilote continue à bien barrer, ce qui nous enlève bien un à deux noeuds de vitesse, mais c’est surtout dû au vent qui mollit plus que prévu….
Le spi a bien porté aujourd’hui, toujours sans la GV, mais nous l’avons affalé comme d’habitude pour la nuit. Nous avons hissé de nouveau la GV, car avec 12-13 noeuds de vent, une voile d’avant seule ne porterait pas assez.
L’avantage sont des conditions de mer calmes, avec très peu de grains, du soleil et pas de vent fort. Alors on en profite! C’est plus de temps pour :

  • bouquiner (« On a roulé sur la terre » récit d’un tour du monde à vélo des compères Alexandre Poussin et Sylvain Tesson il y a presque 30 ans),
  • potasser les guides de navigation des Fiji (nous rêvons des îles du Lau Group),
  • papoter
  • écouter des podcasts (excellents entretiens « Sisimique de Julien Devaurex),
  • préparer les futurs articles du blog (Bora-Bora, Maupiti, Mopelia…)
  • voir des films en famille ( Da Vinci Code ce soir)
  • lire un peu en anglais avec les enfants pour se préparer à Fiji et la Nouvelle-Zélande

Nous avons peu d’échange avec le reste du monde depuis que nous n’avons plus accès à nos emails, alors merci aux copains du Glywo qui postent de leurs nouvelles sur Predictwind : Fou de Bassan qui découvre la culture Fijienne et des légumes inconnus (avez-vous goûté les feuilles de fougères?!), Loly qui nous raconte son séjour à Wallis (si on m’avait dit qu’aller à la messe permettait de déjeuner avec le roi et de sympathiser avec le premier ministre, je serais peut-être allée un peu plus souvent à l’église…), Vitamine et Vitia qui comme nous ralentissent cause météo, Blueway qui répare son spi en mer… Bref, de sympathiques tranches de vie au large.

Je regarde les îles défiler sur la carte, avec le regret de ne pas pouvoir nous arrêter cette fois-ci à Palmerston (îles Cook) ni à Niue, ni à Tonga, îles et pays toujours fermés pour cause Covid…

Nous avons mis la ligne à l’eau aujourd’hui car un peu de protéines seraient les bienvenues avec les vivres qui diminuent (les dernières courses remontent à Bora-Bora il y a plus de 2 semaines), mais sans succès. Alors j’accommode comme je peux les légumes du fond du frigo (salade asiatique avec chou-carotte-tomate verte et poivron),et les bonnes conserves (piperade et anchois avec des pommes de terre sautées) en ajoutant le réconfort de la boulangerie/pâtisserie du bord : pains pitas le midi, crêpes ou brioches le matin, petits pots crémeux chocolat ou vanille en dessert.

J7 : dans les calmes...

Nous attendions des calmes, un temps mou et maussade pour la journée, et c’est ce que nous avons eu. De la pluie en grand quantité ce matin, ce qui nous a permis de remplir les réservoir quasi à ras bord grâce à notre système de récupération d’eau de pluie. La nuit dernière, nous avons du affaler la GV car elle battait trop dans les molles, et avons fini la nuit sous code 0. Nous avons dû démarrer les moteurs ce matin pour quelques heures, enfin re-déroulé le code 0 dans l’après-midi, et avons fini par hisser de nouveau la GV dans l’après-midi : nous avançons ainsi tranquillement , entre 5 et 6 noeuds essayant de capter l’air qui arrive plein vent arrière, entourés de bateaux et de dispositifs de pêche. 

La bonne nouvelle de ce matin c’est qu’un nouveau safran a déjà été mis de côté pour nous chez Outremer. Il est donc en préparation : quelques couches d’antifouling et une belle boite en bois solide pour le protéger. Il sera expédié à Fiji dans les jours qui viennent. Une grande réactivité qui va nous permettre de bien profiter de deux mois d’escale à Fiji.

Nous avons tiré profit de cette journée très calme et riche en énergie grâce aux heures de moteur pour cuisiner et faire de la pâtisserie : un far pour Loïc et Arthur, des rochers coco pour moi et pour le dessert ce soir, la spécialité d’Anna : une crème au citron qu’elle nous a servi dans une verrine avec un crumble de noisette. Un délice.

Quelques jeux de société, de la lecture, des siestes et des films nous ont bien occupés.  Les enfants ont terminé leur bricolage de longue haleine : des têtes d’animaux en papier!

Nous savourons ces derniers jour de traversée plutôt paisibles. Peu d’animaux en mer, un seul oiseau croisé aujourd’hui, et pas de mammifère marin non plus.

Dernière nuit en mer avant d’arriver à Fiji

Demain dans la journée, nous arriverons à Savusavu, l’un des ports d’entrée de Fiji, sur l’île de Vanua Levu. Mais pour cela, il nous faut traverser l’archipel du Lau Group, un groupe d’îles un peu isolées au vent des îles principales. Nous slalomons de nuit dans un chapelet d’atolls, un oeil rivé sur la cartographie, l’autre sur la vitesse du bateau, le cap, et l’angle au vent, avec un pilote automatique qui décroche régulièrement…. Une navigation finalement bien plus exigeante et plus stressante que le grand large.

Vivement demain matin, que le soleil se lève sur l’île de Vanua Levu.

Vivement les marchés fijiens richement achalandés de fruits et légumes venus de cette terre volcanique très fertile.

J’ai hâte de retrouver ce peuple cosmopolite et mélangé, accueillant et sincère, à la culture polynésienne et malaisienne à la fois.

Après 5 mois extraordinaires passés en Polynésie Française, je me réjouis de trouver sur notre route encore bien des îles, des peuples et des cultures passionnantes. Et encore plus de partager ces découvertes avec nos bateaux-copains du Glywo et d’ailleurs.