Wakatobi et Baubau

août 2023

Wakatobi : chez les Bajo

Nous avons quitté les îles de Banda 3 jours auparavant, à destination de Wakatobi : il s’agit d’un groupe d’îles intéressantes, réputées pour leurs récifs coralliens et le peuple Bajo :  appelés en anglais « Sea Gypsies » ou nomades de mers. Ils vivent traditionnellement au bord de l’eau dans des villages sur pilotis, ou carrément sur des pirogues ou plate-formes flottantes.

Ayant développé un rapport très particulier à la mer, écoutant les bruits marins, mettant leur bébés dans l’eau dès la naissance – ils furent les premiers à avoir alerté pour le tsunami de décembre 2004.  Ils sont des plongeurs en apnée émérites, au point que leur physiologie a évolué : une rate plus grosse et une évolution épigénétique qui permet aux meilleurs de plonger à plus de 70 m, ou de rester près de 13 minutes à 60 mètres de profondeur! Ils ont inspiré les créateurs d’Avatar, peuple de l’eau, second opus de la série. 

Quand nous arrivons à Hoga, le vent souffle un peu fort à notre gout dans le seul mouillage possible : il est profond, très exposé, au vent et du courant. Non pas que cela nous gène dans l’absolu, mais ils serait par contre impossible de traverser le chenal en annexe pour aller visiter les Bajo : l’escale perd de son intérêt. Cela ne nous tente pas non plus de nous arrêter à Wangi-wangi au coeur d’un gros village très animé.

Nous observons de loin les villages sur pilotis, emblématiques du mode de vie des Bajo. 

Nous nous dirigeons alors vers l’atoll qui se situe plus à l’ouest, pour un mouillage sauvage.  Le mouillage recommandé par nos amis d’Impossible n’est pas praticable car exposé à la houle d’est, et quand au second que nous avons repéré, orienté vers le sud-ouest, il n’est pas super confortable non plus : le plan d’eau est super agité pour le wingfoil et pour un snorkeling, pas extra non plus….Dommage! Mais nous sommes tous de même contents d’être venus voir sur place, nous repartons sans regret. Une météo plus clémente aurait été appréciée. 

Un bateau de croisière est là, à attendre en dérivant que ses passagers rentrent de leur plongée!

Nous préférons passer notre chemin, et filer à Baubau, sur l’île de Buton, ou nous allons retrouver notre fils Victor qui arrive par avion de France dans 2 jours

Cachalot!

En chemin quel cadeau : nous croisons la route d’un bébé cachalot-la maman n’est pas loin  nous avons aperçu son souffle. 

un instant magique!

C’est la première fois que nous pouvons en observer de près! On reconnait bien sa petit dorsale et surtout sa grande et allongée tête rectangulaire. Ce beau bébé mesure bien 4 à 5 mètres et ses parents 15 à 20!

un peu plus tôt ce sont des rapaces, qui nichaient sur une balise! 

En chemin, nous croisons de nombreux dispositifs de pêche, pour l’essentiel des DCP (Dispositifs de Concentration de Pêche), sortes de radeaux flotants permettant de recréer en mer un petit écosystème d’algues, de coraux, où viennent s’abriter petits et gros poissons : les pêcheurs s’en approchent alors pour pêcher.

Escale rapide à Wajo

Nous ne pourrons pas arriver de jour à Baubau et décidons de nous arrêter en route dans le golfe de Wajo, au sud de l’île de Buton.  La baie très habitée s’anime au coucher du soleil, comme toujours avec les mosquées : pas loin de 2 ou 3  muezzins différents nous abreuvent de leur chant, à l’heure de l’apéro, alors qu’autour de nous, des tortues marine s’activent et nous offrent un ballet : dépaysement assuré!

La ville est bariolée, et particulièrement photogénique, avec ses mosquées colorées

Autour de nous, toutes sorts d’engins flottants, tous plus étonnants les uns que les autres : cet étonnant hôpital civil  flottant, crée par la fondation Doctorshare initiée par un chirurgien Indonésien, Dr Lie Dharmawan. Construit sur une barge, il est le troisième de ce type et le plus grand d’Indonésie : comme les deux premiers bateaux-hopitaux, il permet d‘intervenir dans les archipels isolés, mais aussi au plus près des populations après un tremblement de terre par exemple, et ils sont très courants en Indonésie. Chaque année, les bateaux visitent une dizaine d’iles isolées de Maluku, pour diagnostiquer, traiter et aussi faire de la formation et de la prévention. 

Et au coucher du soleil, la lumière est douce!

la ville de Baubau

Le soir, nous sommes à Baubau et mouillons devant la ville .Le quartier est varié : un hotel, des masures sur pilotis, des maisons de pêcheur avec ponton, de jolies villas, des gamins joueurs, et une mosquée bien sûr!

Nous y retrouvons nos amis du Glywo pour leur dernière soirée là-bas : ils viennent d’y passer la semaine pour y renouveler leur visa et sont conviés par la femme du maire à venir dîner dans un stand prévu pour la fête nationale, dans quelques jours. C’est fun! Nous y allons en triporteur. 

Voici en images un aperçu de la ville :

Parc expo pour la fête nationale

Nous découvrons un véritable parc d’exposition qui sera ouvert en plein air pendant le grand week-end prolongé qui s’annonce pour les festivités du 17 août, jour de fête nationale, où ceux qui le souhaitent exposent leurs réalisations de l’année : du lobbying pour les administrations, une vitrine pour les entreprises,  des stands de produits régionaux pour les producteurs… Tout cela sera très animé samedi et dimanche. 

Ce week-end, ca va être la fête!

La forteresse de Baubau

Le mouillage est agréable et bien ventilé avec une jolie vue sur la ville et les îlots, mais n’offre pas un grand intérêt : nous resterons moins de 48h sur place, le temps de diner avec nos amis du Glywo, de visiter la ville et ses vestiges, de faire les courses au marché et supermarché, et surtout de récupérer notre grand fils Victor, étudiant en France,  que  nous n’avons pas vu depuis Noël!

Nous avons pris un guide officiel et une voiture avec chauffeur  pour l’après-midi,  afin de visiter la forteresse de Buton, ancien sultanat indépendant jusqu’en 1970, lorsque le dernier sultan s’est éteint : étonnat, en plein coeur d’un grand pays moderne comme l’Indonésie! Cela dit, dans la région, le sultanat de Brunei existe toujours, petit territoire enclavé de l’île de Bornéo.

Le sultanat de Buton aura régné 6 siècles, avec une formule qui semblait fonctionner : un sultan choisi parmi la famille royale très élargie (enfants, petits-enfants, neveux etc…), adoubé par ses pairs, et révocable immédiatement en cas de dysfonctionnement : le sultan devait en effet être juste pour son peuple, le protéger et défendre, et faire en sorte d’enrichir le sultanat en général – mais pas de s’enrichir personnellement! Certains sultans on  ainsi régné… 8 jours – on leur a rapidement trouvé un remplaçant! D’autres ont regné des dizaines d’années. 

Cette forteresse qui s’étend sur 23 hectare!!! sera construite en une centaine d’années, courant 17ème siècle, pour se protéger des pirates en premier lieu. Et non pas des européens : le sultans avaient bien compris qu’il valait mieux coopérer avec les hollandais et anglais, et se rendre indispensables : l’île de Buton était ainsi connue de tous les européens comme un lieu de relâche pour les bateaux qui pouvaient se ravitailler en eau et en vivres, avant de poursuivre vers les tant convoitées iles aux épices des Moluques. 

 Ainsi,  l’enceinte, abritait la famille royale, mais aussi toute la ville haute. 

Nous visitons ensuite quelques lieux historiques dans l’enceinte de la forteresse : la plus ancienne mosquée de la ville, une halle commune, et le “flagstaff” en bois qui date de plusieurs siècles

Ces pierres sont sacrées et liées à la cérémonie d’investiture du sultan. L’une incarne le féminin, l’autre plus phallique, le masculin. Elles sont toujours célébrées aujourd’hui comme le montre cette offrande bouddhiste . 

Juste à côté, la tombe du tout premier sultan de Buton, 

Plus loin le cimetière, chaque tombe est ornée d’un symbole de pierre sculptée: phallique pour les hommes, en forme de calice pour les femmes .

Puis  nous nous arrêtons une petite heure au marché. C’est loin d’être le plus pimpant, il est même sacrément décrépit et sale par endroit, avec des égouts qui servent de poubelles, mais on y trouve de belles choses

    Puis une virée le lendemain matin au supermarché, où nous allons à pied, l’occasion de découvrir un peu mieux la villes, ses échoppes, stands de vente de carburant pour les scooters et triporteurs, panneaux d’évacuation en cas de tsunami, et marchands de vêtements bien couvrants, et de foulards bien sûr. 

    puis  nous filons à l’aéroport, voici Victor qui atterrit! Il est le seul visage pâle de tout l’avion… Baubau n’est décidément pas un lieu touristique pour les occidentaux. 

    Bienvenue Victor! On t’embarque à Takabonerate, archipel en forme atoll géant entre Sulawesi et Flores. 

    Cap sur Takabonerat

    Bienvenue Victor! On t’embarque à Takabonerate, archipel en forme atoll géant entre Sulawesi et Flores.