Stewart Island

PATTERSON INLET - 1, février 2023

Départ de Dunedin pour l'île Stewart

Nous avons quitté Dunedin la veille au soir, une petite nav’ de 120NM qui devrait nous mener à l’île Stewart le lendemain. 

 Stewart est la plus sud des îles habitées de la Nouvelle-Zélande – au sud de la grande île du sud donc, 387 personnes vivent à l’année sur une île de 1742 km2. (1 quart de la Corse environ) 

Habitée de manière saisonnière par les Maoris depuis le 14ème siècle, elle fut fréquentée par les chasseurs de phoque, puis des baleiniers, (en particulier norvégiens). Aujourd’hui elle vit encore de la pêche car ses eaux sont éminemment poissonneuses, et aussi un peu du tourisme : réputée pour sa foret primaire quasiment intouchée, et ses oiseaux protégés, et sa faune mariné abondante, elle attire des touristes à la journée, et des randonneur partant pour des trips de plusieurs jours en autonomie : deux grands circuits balisés de 125 et 71 km parsemées de refuges, à faire en 10 ou 5 jours chacun. Et un plus petit circuit de 36km, à faire en 2/3 jours.

Dans le Sud, Port Pegasus offre une nature encore plus intacte, et seulement quelques refuges pour les chasseurs et randonneurs intrépides qui devront utiliser des sentiers non entretenus et non balisés.

L’envie de Loïc était très forte de venir ici : il avait lu des récits de bateaux, vu les images de Port Pegasus, et garde en tête l’aventure mythique de Yves Parlier en 2001, réparant en 10 jours tout seul son monocoque dématé lors d’un Vendée Globe. 

Nous avons retrouvé son histoire : réparation d’Aquitaine innovation à POrt Pegasus, Stewart Island. 

Nous avons fait bonne route pendant la nuit, à 10 noeuds de moyenne, mais là le vent faiblit, ce qui était prévu : nous allons arriver sans doute avec l’aide d’un moteur pour appuyer nos voiles. 

Autour de nous, c’est déjà la récompense, avec une faune marine riche : des albatros encore plus nombreux qu’à Dunedin, nous côtoient; on les sent peu farouches. 

Celui-ci est un albatros royal, cloué en surface par manque de vent. 

Il finit par décoller au prix de gros effort : sans vent, c’est beaucoup plus difficile pour lui. 

et là des pingouins : ce sont les plus petits pingouins du monde, les Blue-Penguin

1- Ringaringa point

Nous profitons de l’absence de vent pour aller mouiller entre deux plages ,à Ringaringa Point

devant deux très jolies plages

Nous sommes récompensés par le spectacle d’une otarie qui vient jouer entre le bateau et la plage. Elle sont nombreuses dans l’île du sud, et particulièrement à Stewart.  Mais il ya aussi des colonies de Lions de mer : des animaux un peu plus imposants. 

Nous sommes gâtés par une météo particulièrement clémente, qui ne nous quittera pas de la semaine!

En fin d’après-midi, nous allons à terre sur la plage explorer les deux plages. Nous pensions pouvoir escalader les dunes, mais la végétation est impénétrable vu notre accoutrement (short et savates). Nous allons découvrir qu’à Stewart, de nombreux sites sont laissé à l’état sauvage, sans sentier, difficilement accessibles : c’est la nature à l’état pur!

Le soir, nous passons un bon moment à savourer notre arrivée à Stewart, et préparons notre séjour avec nos cartes et notre guide nautique – 

Il a été édité en  1996 par le Mana Cruising Club, l’un des clubs de Wellington, il n’y a rien de plus récent! Nous comptons passer une bonne semaine dans le Patterson Inlet, cette vaste rade du nord-Est de l’île Stewart. Puis encore une semaine à Port Pegasus, dans le sud.

Je suis agréablement surprise par la température de l’air. Les matins sont certes frais, entre 14-15 degrés vers 8h, mais le thermostat remonte vitre avec le soleil,  jusqu’à 26-28° dans le carré, et ce jusqu’au coucher du soleil vers 21h. 

Les moyennes de températures annonçaient 16° en février à Stewart, et j’appréhendais un peu cette fraicheur de l’air. En fait il fait bien plus chaud en journée, et nous vivons jusqu’au soir en short et t-shirt – avce une polaire à portée de main au cas-où…. 

Nous n’avons pas de chauffage à poste  sur Saga, seulement un petit chauffage céramique pour le carré. Côté équipement, nous avons prévu de bonnes chaussures de trail, des doudounes en plumes, des chaussons pour le petit matin. Nous avons aussi bien sûr nos vestes de mer, bottes et bonnets pour les navigations. Et des couettes bien douillettes pour la nuit : cela a largement suffit et nous n’avons jamais eu froid. Il faut dire que l’été a été particulièrement clément à Stewart, et très sec, comme l’été précédent d’ailleurs. En contrepartie de quoi, il a été très moche dans l’ile du nord, qui a subi entre décembre et février  plusieurs épisodes de pluies diluviennes, avec de graves inondations, et un cyclone,  Gabrielle qui a causé d’importants dégâts. 

le lendemain, notre otarie est toujours là et nous passons de longues minutes aux jumelles à l’observer, entrer et sortir de l’eau. Sur la plage en face, un mâle et une femelle Sea Lion (elle est plus claire).

Nous sommes sous le charme du paysage et de cette faune que nous connaissons peu : chez nous dans le Finistère, les phoques sont peu nombreux et vivent dans l’archipel de Molène. Nous les apercevons parfois le long des îles dans les laminaires, mais jamais se prélassant au soleil. Ces mammifères marins pêchent la nuit, et le jour, ils se dorent la pilule, dorment, jouent etc… sur les plages. 

2 - Prices Inlet : Millar's beach

Nous changeons de mouillage et décidons d’aller poser notre ancre dans  le Prices inlet, à Millars Beach. Notre guide parle d’une ancienne station baleinière norvégienne, accessible par un petit sentier facile. 

les 4 roches qui bordent la  baies sont bien balisées, chacune avec une perche. 

Mais avant d’aller à terre, c’est séance coiffeur pour les garçons : leur dernière coupe remonte à fin novembre à Whangarei…. il y a 2 mois!

C’est chacun son tour. 

C’est parti pour une petite ballade de 40mn aller-retour. Le Patterson Inlet est relativement touristique avec la proximité d’Oban, le port principal, et des pensions. Cependant, pas de tourisme de masse : ici ce sont de petits bateaux-taxis qui emmènent les touristes et visiteurs sur les îlots et petites presqu’île difficilement accessibles à pied. 

Sur la plage, une belle cabane, un « pic-nic shelter »  justement, pour les visiteurs à la journée. Il permet de se protéger du soleil mais aussi de la pluie. Les statistiques de pluviométrie indiquent 10 jours de pluie par mois à Invercargill – la ville qui fait face à Stewart, au-delà du détroit de Foveaux. Dans la pratique, l’été actuel est très très sec. En 2 semaines et demi sur place, nous aurons une journées pluvieuse, une nuit et quelques rares et éparses averse. 

Le petit sentier est très beau, bordé de fougères arborescentes, la foret est magnifique, inspirante, et variée : des fougères arborescentes, beaucoup de mousses et les Rimu, ces conifères typiques de la région : juvéniles, ils portent ces graciles feuilles tombantes comme des saules pleureurs.

Ca y est, voici les premiers vestiges de cette station baleinière norvégienne : ici le seuil et les fondations de la maison du directeur. C’est là qu’étaient logés les dirigeants et leurs familles. Tous les soirs, une lampe de était allumée à l’extérieur pour aider à la navigation. 

La base, installée en 1925 était conçue pour entretenir et réparer les 10 baleiniers à vapeur de 100 pieds de la compagnie qui travaillaient aux cotés des deux bateaux-usines (bateaux-mère), qui traquaient la baleine bleue en Antarctique, dans la mer de Ross, au sud de la Nouvelle-Zélande .

Chaque baleinière travaillait 5 mois pendant la saison, et passait au moins 3 semaines au chantier pour réparations. IL fallait notamment souvent remplacer les hélices abimées par les icebergs : d’où les nombreuses hélices abandonnées dans le sable. 

Les terres et les équipements furent vendus, et les bâtiments déplacés à Halfmoon Bay, ou se tient aujourd’hui le village d’Oban. 

Il reste des vestiges intéressants, bouilloire, fondations  : depuis 2014, il est considéré comme un site archéologique. 

De retour au bateau, par ces sentiers verts et moussus. 

Ce qui est impressionnant c’est la masse de troncs et de branchages mort, en décomposition et qui servent de support à une toute nouvelle végétation, de mousses et de plantes épiphytes. On se croirait vraiment dans un décor de cinéma,

Voilà la plage!

Et Saga!

3 - Sawdust Bay

Cette baie très abritée se situe tout au fond du Patterson Inlet, non loin de la rivière Rakeahua.

Nous sommes presque seuls dans cette immense baie,

le coucher de soleil est magnifique. 

Quel calme! et dire que l’île Stewart a la réputation de subir coup de vents et tempêtes en toute saison.

 Nous allons en deux semaines et demi connaitre seulement deux épisodes de plus de 25 noeuds, et du ciel bleu la plupart du temps.

Cela nous permet d’organiser quelques marches. Pas évident en effet lorsque l’on voyage en bateau de concilier un bon mouillage bien protégé des vents actuels et à venir (les vents sont très changeant en Nouvelle-Zélande et la météo pas très fiable : elle se trompe souvent de 60° de direction et d’une force ou deux de vent!!), et les activités à terre qui nécessitent de quitter le bord plusieurs heures.

Et ici à Stewart, tout se complique avec le fait de trouver le départ des marches, qui ne sont pas du tout prévues pour les gens en bateau comme nous. En effet, les randonneurs marchent de Refuge en Refuge, sur des sentiers balisés, mais qui ne partent que très rarement des plages. A nous de jouer alors aux explorateurs, pour trouver le sentier, puis un bon abri pour l’annexe  en tenant compte des marées…. 

Sur notre carte, le sentier semble passer proche de la plage, mais nous mettrons un bon quart d’heure à le repérer. 

mais qui nous aura permis d’approcher un cygne noir, qui a eu peur de nous et a tenté de s’envoler sans succès. Peut-être est-ce un juvénile?

Le départ de la marche est au fond de cette crique  

Un pont traverse ce petit ruisseau. 

C’est parti pour une petite rando de 1h30 environ. 

je m’émerveille devant toutes ces mousses de variété différentes. Elle retiennent l’humidité

autour de nous, beaucoup de ces pins « Rimu » dont le tronc devient gris rougeatre en se desquamant avec le temps.  

Certains deviennent immenses, mais lorsqu’ils sont juveniles, leur aspect est celui d’une tige graciles et de longues feuilles vert clair et tombantes.

le sentier est particulièrement bien entretenu avec des treillis de plastique au sol 

ou des rondins : avec les pluie abondantes de la région, les sentiers deviennent vite très boueux.

nous voilà de retour, par la grande plage qui découvre sur une vaste étendue; 

En ce moment le marnage est de plus de 2mètres!

au retour, nous trouvons d’ailleurs notre annexe en mauvaise posture : en se retirant, l’eau nous a laissé posés sur une roche et un tronc… 

impressionnant, mais  sans conséquence, nous la remettons rapidement à flot. 

Nous quittons Sawhdust Bay, longeant les bancs de sable qui bordent l’estuaire de la rivière,

au moment même où un cyclone passe sur  le Nord de la Nouvelle-Zélande. Après des inondations catastrophiques à Auckland 15 jours auparavant, voilà que des forts vents associés à de grosses pluies s’abattent encore sur la même zone : c’est le Cyclone Gabrielle, qui touchera particulièrement Coromandel et toute la Bay of Plenty.

Nous sommes un peu soucieux des bateaux de nos amis qui sont tous à la marina de Whangarei ou à sec au chantier, sans doute sous surveillance, mais tout de  même! La météo cette année est particulièrement cataclysmique sur le Nord de la Nouvelle-Zélande, et l’été plutôt moche. pendant ce temps, il fait très beau dans l’île du Sud, qui vit un de ses plus beaux été! 

4 - The Neck

Cette plage a une forme vraiment inhabituelle. Nous mouillons coté intérieur, : à l’extérieur la plage fait face à l’océan en une poiunte triangulaire. 

Loïc explore d’abord les lieux en drone, pratique lorsque les chemins ne sont pas répertoriés : les dunes ont l’air franchissables à  pied, nous irons nous promener plus tard dans la journée.  

Plus loin sur la presqu’île, le site historiques ou se sont installés les premiers colons britanniques  de Stewart : Schoolhouse bay! Il ne reste rien aujourd’hui de ce bâtiment, qui servait tout à la fois d’école, de tribunal, de salle de danse pour les fêtes, de magasin d’exposition pour les vendeurs itinérant, ou de cabinet médical ou de dentisterie….

Et  en allant à terre, nous découvrons une otarie sur la plage,

et d’autres dans les dunes qui sentent très fort !! Ces animaux dégagent un puissant fumet de poisson, même après leur passage.

de l’autre côté, sur la plage en croissant, une bonne douzaines d’otaries.

Otaries à fourrure ou lions de mer, nous avons encore un peu de mal à les différencier. Les otaries sont bien plus nombreuse en Nouvelle-Zélande, mais à Stewart, on rencontre aussi très souvent des Lions de mer,  : plus imposants, ils ont aussi le museau plus écrasé, alors que l’otarie a un museau pointu plus proche du chien.

le lion de mer de Nouvelle-Zélande  est une espèce protégée et rare : moins de 10 000 spécimens en vie, principalement dans les îles sub-antarctiques, mais aussi sur la presqu’île de L’Otago et sur l’île Stewart. 

les otaries à fourrure de Nouvelle-Zélande ont une population de 60 000 têtes, qui augmente tous les ans, bien qu’elle ait été décimée par les chasseurs de européens au début de la colonisation de la Nouvelle-Zélande. 

là, c’est plutôt une otarie à fourrure, qui va prendre un petit bain…?

pendant ce temps, Arthur teste le skim board sur l’isthme qui relie la plage à cette petite île, lui donnant cette forme triangulaire. 

Il n’a pas peur de partager la plage de ces gros mammifères marins…

Anna observe les algues, sorte de laminaires de taille colossale, très volumineuses et très lourdes, 

ici des « colliers de Venus », 

là d’autres formats, comme des grains de raisin. 

Elle glane aussi des coquillages : là, des pauas, ou ormeaux, nombreux ici.

plus loin sur la plage, nous identifions facilement les traces laissées par les otaries. 

Et le matin, nous les observons sur la plage depuis le mouillage : elles ont pêché toute la nuit et reviennent se reposer. Plus actives qu’en journée, nous les voyons jouer ensemble .

la suite PATTERSON INLET – 2, au prochain post…..