Makatea

juin 2022

Makatea en vue!

Les planètes étaient pourtant bien alignées : une météo parfaite pour la navigation entre Tikehau et Makatea, puis des prévisions nous donnant 24h de calmes sur place, et du vent frais de nouveau le surlendemain pour nous emmener à Tahiti où nous avons des rendez-vous techniques : on ne pouvait rêver mieux!

Si Makatea fait officiellement partie de l’’archipel des Tuamotu, l’île est géologiquement fort différente :   il ne s’agit pas d’une ile basse comme toutes les autres, mais d’une ile corallienne haute, bordée de falaises de 80m  de haut, et sans lagon. Pas de piste non plus pour les avions, elle n’est ravitaillée que par bateau!

C’est dire si elle se mérite, et se trouve hors des sentiers battus! Et c’est justement cela qui nous intéresse. 

Son histoire, aussi, est atypique, car l’île fut exploitée pendant des dizaines d’années au XXème siècle pour son phosphate, accueillant des milliers de travailleurs, le plus grand nombre étant atteint dans les années 60 avec 3000 habitants… contre une centaine actuellement…

Le seul hic, nous le savons, c’est qu’on ne peut pas mouiller, les fonds sont trop profonds. Il nous faut 2 corps-mort, pour nous et nos amis de Vitia : le maire que nous avons eu au téléphone en cette veille d’élections, nous assure qu’il en reste 2 ou 3. Nous avons tout entendu sur les corps-morts de Makatea, et entendons nous faire notre propre idée :  nous déciderons sur place et sur pièce s’ils conviennent ou non . 

Nous arrivons en vue de l’île, qui impressionne par sa masse : les atolls coralliens ne nous ont pas habitués à un tel relief!

Plus on approche, plus les falaises se découpent sur l’horizon : là c’est presque un visage!

puis les parois, verticales, de pierre blanche-de l’ancien corail, devenu plateau, raviné par les années et l’érosion : partout, des grottes, des cavernes, un paysage ourlé de plages et de cocotiers : whaou!!

C’est assez impressionnnant. 

En nous approchant,  nous devinons les infrastructures, un petit port dans lequel nous ne rentrerons pas, mais qui abrite un catamaran de passage qui charge ses passagers. 

De nombreux vestiges, d’anciens quais, qui devaient être immenses au vu des piliers qui subsistent.  

Nous trouvons la seule bouée disponible, que nous prenons : elle se situe literralement devant l’entrée du port. Ce n’est pas sur qu’elle nous conviennne, d’autant que la houle rentre.

Nous comptons 3 ou autres bateaux au mouillage : l’un va quitter les lieux en fin de journée : le corps-mort pourrait convenir à Vitia. 

Nous ne sommes vraiment pas sûr de rester : une fois amarrés, nos étraves se retrouvent vraiment très proches du quai.

Comme le vent devrait tomber cette nuit, paradoxalement, nous allons nous en rapprocher…

La nuit risque d’être compliquée et stressante. Et dans ces conditions, nous ne nous sentons pas non plus de laisser le bateau sans surveillance le lendemain pendant que nous ferions la visite prévue. 

C’est l’inconvénient d’avoir de gros bateaux comme les nôtres : cette fois-ci, être plus petit serait un avantage!

Nous décidons de repartir. Sans regrets car nous avons essayé, et tout de même pu  approcher cette île qui semble vraiment intéressante.  Loïc me propose de faire un rapide snorkeling sur le récif qui a l’air florissant, avant de repartir. 

En effet, il y a de la vie! Le récif est constellé de petite poissons multicolores

Plus loin sur le tombant, des bancs de poissons chirurgiens

Je croise aussi deux petits thons qui attendent en embuscade derrière un très gros banc de fretin, masse tournoyante de petits poissons formant une ronde infinie en plein milieu du chenal du port. C’est la première fois que je nage si près d’un tel phénomène, que l’on trouve plutôt en pleine mer.

Aussi, deux très gros barracudas rodent non loin de là

A la surface, une tortue a aussi pointé son nez : quel festival! Quand on sait qu’en plus, en chemin, nous avons pêché un magnifique thon jaune (un yellow fin, ou albacore) : 

Nous allons nous régaler avec un délicieux tartare de thon au gingembre et combava, merveilleuses saveurs mauriciennes!

Adieu Makatea, rendez-vous manqué. Située  entre Tahiti et les Tuamotu du nord l’île ferait une escale parfaite pour nombre de bateaux en transit, si ses corps-morts étaient plus nombreux et plus rassurants. Un jour qui sait? 

Dans tous les cas, nous sommes heureux d’avoir tenté notre chance, et d’avoir vu de nous-même les corps-morts disponibles.

L’escale semble valoir le coup! Peut-être reviendrons-nous un jour, avec un plus petit bateau, qui sait?