Erromango après le cyclone

mai 2023

escale rapide à Unpongkor

Erromango est la seconde île du Vanuatu sur notre route, alors que nous remontons l’archipel du Sud au Nord. 

Sur les 80 îles du pays, nous espérons en visiter une quinzaine. 

Erromango ne sera qu’un stop au passage, une escale pratique pour se reposer après une navigation d’une cinquantaine de milles, faite en journée , à mi-chemin entre Tanna ou nous avons visité le volcan, et Efate, l’île principale de l’archipel avec la capitale, Port-Vila. 

L’île est modeste, avec seulement deux villages de quelques centaines d’habitants chacun : aucune ressource particulière autre le coprah, pas de volcan actif ni de plages de sable blanc, donc pas de tourisme.

Nous avons choisi de faire escale au village de Unongkor à Dillon’s bay sur la côte ouest.

Nous savons qu’il existe un “Yacht Club” ces petits établissements Ni van (nom des habitants du Vanuatu) qui aiment accueillir les bateaux de passage. C’est d’ailleurs David , le tenancier, qui vient nous accueillir et nous saluer à bord de sa pirogue.

Il propose de nous accompagner à terre pour nous faire visiter le village : ce sera pour l’après-midi, car le matin sur Saga, c’est le temps de l’école, et en cette fin d’année scolaire, il ne faut pas mollir pour finir l’année dans son intégralité et s’offrir deux mois de vacances cet été.

Visite du Village avec david

Comme à Port-Resolution, nos apportons des dons d’associations de Nouvelle-Zélande, qu’elles ont recueilli et financé pour venir en aide aux populations dévastées par les deux cyclones successifs de mars dernier, qui ont en particulier touchés les îles du sud de l’archipel comme Tanna et Erromango : la preuve en est sur la plage, avec tous ces troncs, comme un mikado géant. 

Au-delà de la question des ressources économiques (l’île compte moins de 2000 habitants qui vivent du coprah et d’agriculture de subsistance), la difficulté supplémentaire de ces deux îles, c’est l’isolement et l’éloignement qui rend l’approvisionnement en toutes sortes de produits difficile. Un bateau de ravitaillement vient de Port-Vila au mieux une fois par mois. 

Nous y avons pensé et apportons des clous, et des vis qui serviront à la reconstruction de bâtiments et toits en dur. Loïc a aussi dégoté un petit bidon d’un litre de carburant pour la tronçonneuse du voisin qui n’en a plus : or il faut déblayer les débris après le cyclone, et couper du bois pour reconstruire.  

David nous fait visiter son village super propre et bien entretenu. Son cochon est nourri à la coco.

Partout, des jeunes travaillent à reconstruction : ici ce seront les murs d’une nouvelle maison, en matériau traditionnel. Pas de clou ni de vis, seulement des produits naturels : poteaux de bois, nattes tressées, et assemblés avec des lianes. C’est moins résistant aux cyclones, mais ca a  l’avantage d’être une matière première facilement sourceable…

Une autre équipe travaille sur le car-port de l’unique voiture du village… qui est d’ailleurs en panne. Difficile en effet de trouver des compétence en mécanique auto, et surtout les outils et infrastructures pour entretenir et réparer : il n’y a pas de garage sur l’île

Plus loin, la poste qui fait office de  banque pour les transferts d’argent avec Western Union, grand classique; mais aussi Kwik cash, la concurrence. 

Nous continuons la visite

là le dépôt des planches de bois abimées par le cyclone

nous longeons la rivière : partout des bancs ombragés aménagés, pour se retrouver et discuter

les bananiers ont repoussé mais ne donnent pas encore de fruits. 

Nous passons à l’école, qui dispose d’une très beau terrain : comme dans beaucoup de villages, cohabitent 2 écoles,  la française et l’anglaise, vestiges des temps coloniaux où jusqu’en 1980, la France et l’Angleterre régnaient en duo sur un curieux double protectorat.

Quand je demande aux habitants dans quelle école vont leurs enfants, la plupart d’entre eux me répondent : moitié-moitié. Ainsi David a envoyé 3 des ses 6 enfants à l’école anglaise, et les 3 autres à l’école anglaise. Nous déposons pour cette classe du matériel et quelques livres qu’Anna et Arthur ont pioché dans leur bibliothèque. 

Plus loin  la rivière, que nous pourrions remonter vers des bassins ou l’on peut nager et sauter; mais nous devons décliner l’invitation et appareiller avant la nuit : la météo est idéale pour une petite navigation de nuit qui nous fera arriver à Efate le lendemain matin. D’ici quelques jours, Thomas va reprendre un avion pour Noumea puis Paris. 

Nous rebroussons donc chemin devant la coopérative agricole et commerciale : pas mal de matériaux de construction, une citerne, des outil, du fer a béton etc…. car près de l’embouchure de la rivière, le dispensaire est en rénovation pour y être agrandi. Financé par le gouvernement du Vanuatu adossé à la banque mondiale.

 Le chef du village supervise les travaux de création d’une réserve de carburant, sorte de station service coopérative pour les bateaux à moteur essentiellement qui vont à la pêche au large.  L’embouchure de la rivière n’est en effet pas propice aux poissons marins. 

le "yacht club" de david

Puis nous revenons au bout du village près de la plage, dans le fief de David : son fils habite là, mais sa case a été détruite. Quel dommage, tout est tellement coquet, avec un soin particulier au jardin qui mêle plantes fonctionnelles pour les allées, d’ornements pour le plaisir, aromatiques et lianes comestibles comme cette tonnelle en fruit de la passion….

David habite dans une maison en dur, elle est solide, c’est le fameux « yacht club » : il a disposé les drapeaux des bateaux de passage, et nous laissons le notre. Il tient aussi un riche livre d’or sur lequel nous trouvons en 2017, le passage de nos amis Tobi, Nicole, Juliana et Marlene, sur Invictus, le lagoon 52 avec qui nous avons voyagé en 2016 et 2017 pendant le voyage  Moby. 

L’endroit est accueillant mais nous devons partir, sur Port-Vila, capitale du Vanuatu, tant que le vent est bon! Nous voilà partis pour une petite navigation de nuit de 80 NM.