Arrivée à Makemo
Nous arrivons à Makemo en provenance d’Amanu, profitant du vent établi avant des calmes qui vont nous bloquer quelques temps .
Le vent est notre « carburant », c’est grâce à lui que nous avançons. Le moteur n’est pour nous qu’un outil d’appoint et de sécurité, pour les arrivées et départs de mouillages, pour se recharger en énergie en cas de pénurie prolongée de soleil, et en traversée, quelques heures par-ci par-là entre deux zones de vent ou pour éviter un mauvais système météo.
Nous commençons par longer l’atoll par l’extérieur, avec cette étrange hameau, à l’un des endroits les plus isolés de l’atoll, à l’extreme est.
La côte défile sous nos yeux ; que j’aime ces moments mêlés de désir et d’attente, à scruter le rivage extérieur de l’île, nous demandant quelle va être notre découverte.
Car il s’agit là du second atoll nouveau pour nous : après Amanu, Makemo sont des îles des Tuamotus que nous n’avions pas visité avec Moby. Nous restons fidèles à notre mantra : dès qu’on le peut, privilégier les îles que nous ne connaissons pas à celles que nous connaissons déjà.
Quitte à ne pas s’arrêter dans des lieux qui nous sont chers, ou de les survoler. Choisir, c’est Renoncer!
La végétation semble assez sèche ; quelques arbustes, et peu d’arbres à part les cocotiers.
Nous poursuivons, et longeons le récif sur une dizaine de milles.
Nous allumons Oscar également, qui sous cet angle nous permet de voir la largeur et la physionomie des motus et jusque dans l’atoll!
partout, ces roches rougeâtres
une navigation paisible
il est 13h, milieu de journée, et ca y est, nous sommes en vue de la passe,
et du village
Entrée dans la passe Arikitamiro
La passe est bien large et droite, avec 5 noeuds de courant de face et une mer peu agitée.
Pour éviter trop de courant et de vagues, nous choisissons de nous positionner sur la gauche de la passe, pas au milieu, car c’est là que le courant est le plus fort.
nous sommes désormais au milieu de la passe, avec sur babord, les surfers et bodyboarders
Sur tribord, le village se dévoile, avec deux kitesurfs à l’eau : ça l’air très accueillant.
à 15m de nous, ça bouillonne! Nous allons traverser la veine de courant pour nous rendre au village en coupant par un petit chenal secondaire
Le village d'Opareke
Une fois mouillés, nous saluons par les va’as en entrainement.
Beaucoup de jeunes à bord, que nous encourageons, ce sont les collégiens de Makemo!
voilà la supérette, plutôt bien achalandée, pour nous qui venons des Gambier!
et le bateau qui décharge!
le lendemain, c’est dimanche, et je vais à la messe avec Mapie, de POMIII. Nous avions beaucoup aimé la messe de la cathédrale de Gambier, en particulier les chants, puissants et émouvants, en mangarevien. Ici ce n’est pas la même langue : on parle paumotu ou polynésien!
les chants paumotus de la messe du dimanche
Aujourd’hui est une cérémonie spéciale : à la fin de la messe, une procession a lieu vers une chapelle à 18km de là, à l’autre bout du motu, pour y déposer cet autel de fleurs
En revenant, je me perds dans les rues, et découvre ces hoas, bras de mer entre les motus sur lesquels on a jeté des ponts. Nous les retrouverons dans tous les atolls des Tuamotus, sous des formes différentes.
ici, les hoas sont profonds et servent de port naturel.
le village est très coquet, fort bien organisé avec une belle route droite qui traverse l’île, lieu de passage des vélos, bien plus nombreux que les voitures.
J’ai laissé notre annexe annexe dans ce petit port prévu pour les embarcations.
Plus loin, un grand quai est prévu pour les cargos. C’est bien le Nuku Hau qui décharge!
En direction des motus de l'est de l'atoll
Après la messe- elle commence tôt à 8h, et finit donc tôt!, nous appareillons pour l’est du lagon, avec nos copains de POMIII et Im’possible, vers un mouillage avec des picines naturelles parait-il très belles.
En effet, voilà les piscines!
Nous avons l’embarras du choix pour mouiller, mais avec du corail partout….
Très peu de vent est prévu ces jours-ci, nous pouvons donc mettre un peu moins de longueur de chaine que d’habitude.
Nous sommes aussi tous mouillés à bonne distance les uns des autres, pour l’intimité, le calme,
et pour profiter d’un paysage de rêve.
QUEL PARADIS! Du bleu, du bleu et encore du bleu!
Nous oringuons l’ancre- ce bout attaché à l’ancre nous permet de bien visualiser depuis la surface où elle se trouve, mais surtout si l’ancre devait se coincer sous une patate de corail, l’orin nous permettrait de la tirer dans un sens ou l’autre avec l’annexe.
Arthur descend vérifier que tout est clair
des tortues montrent leur tête régulièrement
la blague du jour...
Mais la blague du jour, c’est à moi qu’on doit. J’ai l’habitude de faire sécher le linge sur un « tancarville », un séchoir en alu pliant. Pratique au mouillage comme en navigation, je le déplace au gré du vent et du soleil . Et en cas de grain, c’est très vite plié/mis à l’abri.
D’habitude, je l’assure par de petits bouts et là, … j’ai oublié. Alors, quand, en arrivant sur zone pour mouiller, Loïc vire de 50°, je l’entend crier!
Le tancarville est passé par-dessus bord. AVEC LES DEUX LESSIVES du matin….
Quelle tuile! Je m’en veux d’autant plus que la moitié des vêtements sont les miens… Loïc prend un waypoint, puis nous décidons de continuer notre route pour aller rapidement mouiller car un grain se profile : la sécurité avant tout.
Puis, une fois mouillé, nous nous équipons pour le recherche de l’engin. Nous évaluons le lieu exact de passage à la mer : facile, sur le cartographie, c’est pile au moment ou nous entamons un virage. Nous dissertons sur la dérive, le vent, le courant qui auraient pu faire dériver l’ensemble etc….
Nous sortons palmes, masques et tubas pour tout le monde, parlons déjà de quadariller la zone à 5… Loïc est le plus rapide à se mettre à l’eau , jette un oeil et s’esclaffe bruyamment.
A notre tour à tous de regarder sous l’eau : rigolade générale : le tancarville est posé sur le sable, bien droit, comme si les vêtements séchaient sous l’eau, par 10-12 mètres de fond!!!!
Arthur plonge pour voir,
puis Loïc commence à relever l’ensemble, mais malgré ses grandes palmes, c’est lourd!!!!
Tom arrive pour l’aider, puis on s’y met tous. Quelle chance dans mon malheur!
balade en windsurfer
Très peu de vent ces jours-ci, donc pas de wingfoil, et l’envie d’explorer le lagon, mais pas au moteur.
Nous gréons les windsurfers, qui avec leurs dérives et leur faible tirant d’eau, permettent de passer (presque) partout avec un rayon d’action intéresssant .
Loïc et Tom partent en tandem,
et mettent cap à l’est, jusqu’à l’extrême pointe du lagon, visiter les fameuses piscines.
Les journées se déroulent tranquillement entre école le matin, car les vacances scolaires sont encore loin et activités l’après-midi : planche à voile ou SUP d’exploration, natation, ballades sur la plage…
Anna, la sirène du bord, profite de sa monopalme qui sera bientôt trop petite tant ses pieds grandissent!
Nous passons aussi de belles soirées entre amis! Ici c’est sur POMIII, avec Im’possible et Tartine, un Outremer 51 du Glywo de passage à Makemo comme nous.
Retour au village
Si les paysages et la baignade sont superbes, le snorkeling est décevant, les coraux peu vivants, et la vie marine quasi inexistante : nous n’avons pas vu un seul requin!
Nous avons le sentiment d’avoir fait le tour, et aspirons à visiter d’autres lieux. C’est re-parti en direction du village, dans le lagon non cartographié : il faut faire attention aux patates de corail!
Heureusement, dans le soleil haut de milieu de journée, elles se voient bien.
Nous allons visiter un peu plus les abords du village et surtout de plonger avec nos masques palmes et tubas dans la passe.
Nous avions repéré depuis la côte ce champ d’éoliennes, comme couchées par la tempête.
En fait, elles sont… couchées préventivement, désaffectée, ou plutôt, jamais mises en service.
Un scandale pour les habitants qui sont régulièrement en black-out électrique.
Nous partons jeter un oeil à la côte au vent,
sauvage.
Et retournons mouiller l’annexe dans l’un de ces hoas, bordé de maisons et de petites plages.
Nous voilà sur Opareke, le motu principal.
Nous allons au restaurant ce soir! C’est la première fois que nous dînons à terre en soirée depuis…. Panama! car aux Gambier, les restos, c’est le midi seulement, ou parfois le samedi soir.
Et on se régale! Comme boisson, la Hinano, bière locale qui n’existe ici qu’en version XL de 50cl… on l’appelle l’obus… du à sa forme oblongue.
Nous profitons aussi des calmes pour aller explorer la passe d’Arikitamiro en drift. les coraux sont très beaux et la visibilité superbe.
Au cul du bateau, les rémoras (aussi appellés poissons-pilote) se battent pour nos restes… Ce sont de très bons nettoyeurs! Leur tête plate peut se transformer en ventouse pour se coller à un grand poisson ou mamifère, … ou à un bateau en navigation!
Nous y retournons le lendemain, pour explorer l’autre côté de la passe, à la recherche d’un joli jardin de corail, ou d’un drift sympa.
il y a beaucoup de courant, alors nous nous accrochons à l’annexe.
nous voyons beaucoup de chirurgiens,
entre les passes d'Arikitamiro et Tapuhiri
le lendemain, nous décidons de lever l’ancre et de longer le récif en direction de l’ouest, sans but précis.
Toujours pas mal de patates de corail en chemin
Nous nous arrêtons à mi-chemin entre les deux passes, devant une très jolie plage, en compagnie toujours d’Impossible et POMIII
Nous partons découvrir les lieux en windsurfer pendant que les enfants ont pris le SUP.
Le cadre est véritablement enchanteur
Passe de Tapuhiri
Le lendemain, cap sur Tapuhiri, la passe ouest, où nous allons nous mettre en stand-by : dès que le vent rentrera, dans 48h environ, nous sortirons du lagon, en direction de Tahanea.
C’est un mouillage que nous n’envisageons que parce que le vent est inexistant. En effet, il est truffé de très grosses patates, et nous devons mouiller par 15m de fond! Autant dire que c’est très délicat.
Nous nous y reprenons à 3 fois avant d’arriver au résultat que nous souhaitons : que la chaine et l’ancre descendent bien et se posent sur un fond de sable .
Pour cela, que nous avons préalablement repéré avec le drone la zone pour mouiller : s’agit de ce « canyon » bleu clair. Nous avons pour cela une personne à la barre, une au guindeau et une troisième dans l’eau en palmes et masque.
Nous avons gardé les voiles de windsurfer gréées, et continuons nos explorations;
Les motus se découvrent aussi facilement à pied, avec de bonnes chaussures car le corail est agressif.
Mais surtout, nous allons mettre notre tête sous l’eau dans la passe : c’est sublime de vie, de clareté, de couleurs!
Beaucoup de requins, mais surtout un corail en très bon état, coloré et une faune nombreuse et bien vivante. C’est un vrai aquarium!
Les enfants s’éclatent, progressent en apnée,
et font les pitres sous l’eau
La galère du jour
Mais la vie de bateau, ça n’est pas que de du snorkeling et de la planche à voile toute la journée… c’est aussi de la casse et des réparations …
Mon Thermomix a pris l’eau! Un mauvais concours de circonstances : une facade usée et plus très étanche, plus une erreur faite à verser du liquide dans le bol qui avait été remis en place sans son fond et ses couteaux…. Patatras, il est inondé de l’intérieur : l’électronique n’a pas aimé.
Il a fallu tout démonter, nettoyer, sécher, remonter, réparer l’étanchéité de la façade… et croiser les doigts!!
Après deux grosses heures de travail, il refonctionne! Il aura fallu les efforts déployés de Loïc et Tom – pratique d’avoir un ingénieur à bord – je serai bonne pour commander une nouvelle façade au prochain passage de visiteurs sur Saga.
Ce que j’aime chez Thermomix, c’est la longévité, la solidité et la réparabilité du produit : les éléments sont tous réparables, et peuvent être commander sur internet à un prix raisonnable. Depuis 12 ans que je l’utilise quotidiennement, j’ai ainsi pu changer moi-même déjà une façade, les joints, le bol, les couteaux, le gobelet, et le couvercle!
Nous partons aussi pour une grande ballade à pied autour du motu
Ces piscines sont un réservoir à bébé requin.
il y en a 3 aux pieds de Loïc et des enfants!
on observe aussi la végétation, comme ce bébé palmier qui est bien enraciné
ou ce veloutier
et sur la côte au vent, il y aussi de la vie avec tout plein de murènes.
le lendemain, le vent rentre tranquillement.
Nous appareillons à l’aube avant que le vent ne souffle trop : le bateau risquerait de tourner, et la chaine pourrait se tendre et se bloquer dans le corail. La veille au soir, Loïc a plongé sur l’ancre et la chaine pour vérifier qu’elle étaient toujours bien libres, posées sur le sable. C’est le cas, et quand nous levons l’ancre au lever du soleil le lendemain matin, c’est un succès, elle remonte sans encombre, contrairement à nos bateaux copains qui aurons plus de difficultés. Les Tuamotu sont vraiment un piège à mouillage!
Bye-bye Makemo, cap sur Tahanea, un atoll qui nous tient particulièrement à coeur car nous y avions passé des moments fantastiques en 2016 sur Moby, lors de notre premier tour du monde.