Fernando do Noronha

Brésil / février 2024

Cette île fait partie de celles qui nous intriguent, et dont nous avons entendu parler, en bien comme en moins bon.

Certains sont tombés sous le charme, d’autres ont un avis plus mitigé (mouillage rouleur, escale  trop chère, ile très touristique, nombreuses interdictions etc…) Ce que l’on sait, c’est qu’elle est sur notre chemin pendant notre remontée de l’Atlantique sud, et que la météo y est propice pour s’arrêter quelques jours  : nous allons pouvoir nous faire notre propre avis. 

Nous arrivons un matin devant le mouillage du port de Saint Antonio,  bercé par la houle : deux autres monocoques déjà ancrés roulent un peu, pour nous, en catamaran, ca va! Le lendemain par contre, le vent va tourner, et nous mettre travers à la houle. Sur notre cata, c’est gérable, mais pour les monocoques c’est une autre histoire, les mats oscillent de manière impressionnante et la vie à bord doit être très inconfortable. 

Le cadre est enchanteur, nous décidons de mouiller un peu en retrait du village et avons une vue magnifique sur le Pico, ce pain de sucre qui rend l’île si photogénique : un paysage de carte postale comme on les aime. 

Sorti de terre il y a 10 millions d’années, cet emblème de Fernando de Noronha, que l’on retrouve partout dessiné, a été peint par Jean-baptiste Debret  (1816) – un peintre français de l’Empire, très célèbre au Brésil puisqu’il y passa plus de 16 ans,  peignant remarquablement tout ce qui lui tombait sous la main  : légumes, fruits, paysages, animaux et surtout scènes de la vie quotidienne des indiens, portugais et esclaves noirs. Le Pico est aussi décrit par Charles Darwin lors de son passage sur le Beagle en  1832.

Souvent autour de nous, au mouillage, des dauphins. Nous les reverrons tous les jours . 

ils s’appellent les « dolfinho rotator », ou « spinning dolphin » en anglais car ils sont célèbres pour leurs sauts vrillés; C’est en fait une espèce de dauphin long bec, reconnaissable à son ventre bien blanc, son dos gris et  une bande plus claire entre les deux. 

ils sont très joueurs, mais il est interdit de nager avec eux  sous peine de très grosses amendes. Aussi, si nous nous trouvons dans l’eau autour du bateau et qu’un dauphin arrive, il nous faudrait remonter à bord!

C’est la parade qui a été mise en place pour éviter de perturber les habitudes de ces dauphins qui fréquentent la baie tous les matins : la faute au tourisme toujours plus développé à Noronha et à la très forte demande pour des sorties « dauphin »

Ainsi a été mis en place un projet de protection du dauphin “rotador”, en coopération avec les habitants, les scientifiques, et les autorités locales.  Et c’est vrai qu’on ne voit pas ici comme ailleurs de hordes de bateaux à moteur recherchant la compagnie des dauphins.

Par contre, tous les matins, une douzaine de pirogues hawaiennes sortent avec des touristes qui rament le long des côtes au lever du soleil, pour le paysage et aussi pour les dauphins, qu’ils approchent respectueusement. 

Nous voilà à terre! les formalités ne sont pas très compliquées, mais le barrage de la langue n’aide pas : Marco, notre interlocuteur qui travaille pour les autorités portuaires est le seul à parler (un tout petit peu) anglais. Heureusement, il y a du wifi dans son bureau, et Google Translate peut nous assister.

Nous pouvons ainsi lui exposer nos besoins : je potasse mon portugais depuis un mois déjà, avec Duolinguo, et peux aligner quelques mots, quelques petites phrases basiques. Ma très bonne compréhension de l’espagnol aide beaucoup à l’écrit, un peu moins à l’oral car l’espagnol et le portugais différent énormément!

Vila Remedios

Dans le village principal de Remedios, l’église, qui date de du XVIII c’est aujourd’hui un bâtiment classé. 

Un peu plus bas, le palais San Miguel, abrite le gouvernement administrant Fernando de Noronha.  

Nous trouvons un bon petit restaurant pour gouter aussi notre première caïpirina, la spécialité du Brésil : un long drink super frais plein de glaçon, d’eau gazeuse, de citron vert écrasé et de cachaça , idéal avec ce climat si chaud!! 

A bord de Saga, en journée il fait près de 34° à l’ombre!

le quartier du port

Le lendemain, après l’école, nous allons à terre nous balader à pied dans le quartier du port : j’ai repéré une presqu’ile avec des vestiges et un resto qui a l’air sympa, à quelques centaiens de mètre de la jetée. Nous longeons un vieux fort en ruine et sommes intrigués par le nom de la pointe rocheuse : Punta do Air France?!

Punta do Air France

EN 1927,  Latécoère, première compagnie à proposer des lignes aériennes régulière avec ses avions Bréguet, crée une base de soutien technique pour aider ses hydravions qui traversaient l’Atlantique, reliant Paris à Buenos Aires via le Sénégal et le Brésil pour transporter le courrier! Le relai est pris la même année par l’Aéropostale, qui deviendra Air France en 1934. Les hydravions ont vite été remplacés par des avions classiques, la base de Noronha abandonnée, mais le nom est resté!

Ce batiment devenu un restaurant-là ou nous allons déjeuner justement – est d’ailleurs l’ancien poste de radio de l’Aéropostale! et je retrouve beaucoup d’informations très précises sur le site de l’AMAB : association brésilienne qui défend la mémoir de l’Aéropotale au Brésil. https://amab-saint-exupery.com/exposicoes/fernando-de-noronha/ 

Nous déjeunons agréablement : salade de poulpe et ceviche, qui deviendra notre menu fétiche du midi

Nous repérons aussi des buggys : c’est ca que nous allons louer demain pour visiter l’île. 

plus loin, une chapelle, des plages au vent, et un étonnant musée du requin. 

Museo Tubarões

Plus qu’un musée, c’est surtout un restaurant, doté d’un beau jardin avec vue mer dans lequel nous nous posons car la chaleur est accablante : et pourtant nous supportons habituellement très bien la chaleur. 

Le patio central est plein d’affiches très intéressantes sur la houle : l’île de Fernando est au large du Brésil au niveau de l’équateur et ouverte à la houle, qui arrive de tous côté par les différents systèmes météo, de l’Atlantique Nord et sud : les jours sans houle sont rares! 

Et bien sûr, nombre d’information sur les requins, nombreux dans l’archipel : d’abord les recommandations, classiques, mais qu’il est toujours bon de répéter : 

  • nager en eaux claires, transparentes, et surtout pas turbides
  • regarder autour de soi
  • éviter d’être dans l’eau au coucher et lever du soleil , c’est là que les requins se nourrissent
  • ne pas toucher ni chasser un requin
  • évitez de nager seul, et loin des côtes
  • ne pas déranger le repas des requins

et rappelle les nombre de morts par an avec les animaux sauvages, et le moustique est le grand gagnant avec 1 million et demi de morts par an via ses piqures qui transmettent la malaria! Contre une dizaine par an pour le requin. 

et des planches d’identification très bien faite, ainsi que des explication sur la croissance des dents des requins, qui poussent en permanence, comme un tapis roulant, avec 3 000 à 800 nouvelles dents par an!!

Fin de journée à la plage, par nécessité : il fait si chaud que si on ne se baigne pas, un parasol est nécessaire pour s’abriter, même à 16h! C’est l’occasion aussi d’observer notre environnement : la plage au Brésil, c’est tout un art de vivre….

Côté loisirs, ici on pratique le foot à toutes les sauces : foot-volley ou foot-table (ping-pong-foot?!)

Festival de la Lune

En début de soirée, après être rentrés à bord, nous retournons à terre sans les enfants pour une sortie en amoureux : la responsable du restaurant Museo Tubarões (musée du requin) rencontrée cet après-midi nous a convaincus de venir assister à son Festival de la Lune « Viva la Lua ». Tous les mois,  trois soirs de suite pendant la pleine lune, c’est la fête : le restaurant et le bar tournent à fond, et des concerts se succèdent. 

 

Nous passons une superbe soirée : les cocktails sont top, la cuisine aussi, et la musique très originale, avec ce DJ qui mixe accompagné d’un saxo : j’adoooore! Venus pour boire un verre, nous restons diner, et danser!!

C’est vraiment très original comme musique. Et l’ambiance monte!

un peu plus tard c’est un orchestre de salsa qui prend le relai .

balade en Buggy

le lendemain, nous avons loué un buggy pour nous balader. Nous avons demandé à Marco de nous aider à en trouver un , et je crois que  nous nous sommes fait un peu arnaquer : 85€ pour la journée (livraison comprise) pour un buggy défoncé à l’embrayage plus que capricieux et aux freins hors d’age…. Le démarrage en côte est impossible, heureusement que nous avons un bon pilote à bord!

C’est un peu le problème de Fernando de Noronha : l’île est très jolie, très prisée, et la selection du tourisme se fait par le porte-monnaie et les opérateurs exagèrent : par exemple, les restaurants sont aussi cher qu’à Paris – heureusement, ils sont bons, mais ça pique un peu…. A Natal où nous passerons la semaine après, les additions seront divisées par deux ou trois…

Autre désillusion, les tarifs d’entrée dans le parc de Fernando de Noronha, qui couvre une petite moitié de l’île – dont de très belles plages sauvages. C’est 300€ pour nous 4, valable 10 jours, certes, mais comme nous repartons le lendemain matin, à quoi bon… nous trouvons cela excessif pour la demi-journée, sachant q’il ya des très beaux sites déjà à visiter hors du parc : une demi-douzaine d’autres belles plages accessibles et des sites culturels ci-comme le fort, cela suffira largement à remplir notre demi-journée!

Praia do Boldro

Cap sur la première plage : praia do Boldro, immense ruban doré, sauvage, fréquentée par les pêcheurs et les frégates

Nous découvrons une activité prisée : le shooting Instagram pratiquée par cette jeune femme en bikini rouge qui se fera prendre  en photo très très très longuement et sous toutes les coutures … je vous épargne certaines poses plus que suggestives! Clairement on en joue pas dans la même catégorie!!

Praia do Americano

puis un peu plus loin une autre plage, Americano,  avec de mini-piscines pour ceux qui ne veulent pas nager dans  les rouleaux. Nous allons profiter des deux!

Déjeuner à Praia Do Meio

Un stop pour déjeuner dans l’un de ces très bars un peu chics qui surplombent les plages  : entre Praïa do Meio et Conceiçao  : là encore nous testons leur Caïpi! Le secret, c’est de n’en prendre qu’une et de la faire durer, durer, en laissant fondre les glaçons tout le long du repas. C’est booon!

Praia do Conceiçao

Toute dernière plage de la journée, sur une troisième plage, celle de Conceiçao, au pied du Pico, super photogénique. Nous louons une paillote pour 4 personnes : les garçons en vont pas trop en profiter car ils passeront plus de 2h dans l’eau à nager dans les vagues. 

Anna et moi nageons un peu moins et profitons de la paillotte : ca sera frites-mayo au goûter! Pas très diététique tout ça, mais disons que nous sommes en immersion dans les us et coutumes  Brésiliennes

Forte Noronha

Fin de journée un peu plus culturelle : cap sur le fort de Noronha, qu’on accède en prenant une petite route pavé très abrupte

C’est grand et beau comme un décor de cinéma! avec toujours, un superbe bar-restaurant. Nous visitons les étages également, les postes de garde, la chapelle, et pas moins de 20 canons de 17ème, 18ème et 19ème siècle.

A l’époque de son édification, il était le fort principal d’un ensemble de 10 forteresses reliées ente elles, disposant de jardins et de potagers, de reservoirs d’eau pour défendre

Le soleil ne va pas tarder à se coucher, c’est l’heure pour nous de rentrer à bord car nous appareillons le soir-même pour Natal, au Brésil sur le continent où nos amis Arnaud et Laetitia nous rejoignent bientôt pour 10 jours de cabotage le long des côtes du Brésil.